Un Gabin sous-exploité et une affaire survolée

Quand on ne connaît pas l'affaire a priori, autant dire qu'il est difficile de s'y retrouver. Le film montre les trois Anglais pique-niquer puis dormir au bord de la route. La nuit passe et on se retrouve le lendemain sur le même lieu avec la police qui constate la présence de trois cadavres. À portée de vue se trouve une ferme avec toute une famille, la famille Dominici.

On ne sait jamais vraiment qui est qui. Pourquoi est-ce que le commissaire tutoie les Dominici ? Se connaissaient-ils auparavant ? À part le patriarche Jean Gabin (qui joue excellemment sa partition, comme d'habitude, mais une partition bien rabougrie) et le fils Victor Lanoux, les autres membres de cette grande famille n'auront pas de rôles très étoffés. Comme les femmes, par exemple, dont le témoignage est quasiment absent du film.

Alors certes, il paraît qu'il n'y a pas eu véritablement enquête, que les policiers et les juges en charge de l'affaire se sont contentés des dires des uns et des autres, mais tout de même : dans le film, on passe d'une scène à l'autre sans vraiment constater de progression ni pouvoir suivre un véritable fil narratif. On saute parfois quelques jours d'un plan à l'autre, ou d'autre fois quelques mois, sans que l'on voie véritablement la différence.

Donc on comprend que les suspects sont des taiseux, on comprend qu'ils ont tendance à s'entre-accuser les uns les autres et que le tout forme un ensemble sans queue ni tête, mais on aurait pu quand même avoir un film qui n'ait pas les mêmes défauts. On aurait pu aussi s'intéresser un peu plus à la famille, à la vie campagnarde des années 50 dans ce coin de Provence. Mais non, on ne saura rien de plus. Juste quelques personnages mous et peu fouillés et une histoire somme toute survolée. Tout le contraire d'un Jean de Florette (pour la vie en Provence) ou même les Granges brûlées (pour un film policier sur un meurtre commis en campagne avec des personnages plus épais).