L'Affaire Farewell par Ninesisters
J'aime beaucoup l'intitulé du sujet du forum Mad-Movies consacré au cinéma français : « Le cadavre a été retrouvé dans le placard, il est mort il y a 30 ans ». Un à-priori extrême, je le concède, mais qui résume malgré tout l'appréhension qui me tenaille face aux affiches et aux synopsis de bon nombre de films français : entre les comédies lourdingues avec Kad Merad/Dany Boon/Gad Elmalech, les drames sociaux sur les anciens soixante-huitards avec Campan/Frot, et les comédies amoureuses avec Tautou/Cornillac, j'ai tendance à me méfier ; sans parler des tronches de raie de Yolande Moreau, de Marina Fois, et de toute une tripotée d'actrices que je suis incapable de distinguer les unes des autres... Il faut vraiment toute la force d'un grand réalisateur (genre Jean-Pierre Jeunet), d'un synopsis particulièrement accrocheur, ou de critiques élogieuses de la part de personnes dont j'estime les goûts, pour me pousser à voir un film français récent.
Dans le cas de L'Affaire Farewell, j'ai surtout été intéressé par le scénario : un film inspiré de faits réels sur une affaire d'espionnage à l'époque de la Guerre Froide, voilà qui est bien plus intéressant que l'histoire d'un cinquantenaire dépressif suite à son divorce. Là, cela rappelle les romans de John Le Carré, et parfois les films qui en sont tirés. N'attendez pas une débauche d'action à la James Bond : le rythme est lent, suffisamment pour être crédible ; le scénario se focalise avant tout sur la vie des deux principaux protagonistes – un colonel russe qui décide de trahir pour le bien de son pays, et un ingénieur français impliqué malgré lui car insoupçonnable – et sur les conséquences de leurs informations à l'Ouest et sur la relation Mitterrand/Reagan. J'ignore ce qui tient de la fiction et de la réalité dans ce long-métrage, mais j'ai trouvé le résultat intéressant, d'autant que la fin s'avère riche en suspens et en révélations.
L'Affaire Farewell est donc un excellent film français, porté par un duo d'acteurs de talent, en particulier Emir Kusturica. Le cinéma de genre possède encore un véritable potentiel en France, dommage que cela ne semble pas beaucoup intéresser les producteurs.