Bon. Mon principal reproche, c'est que le film romance à partir de l'affaire de départ, ce que je trouve idiot. c'est dommage, car c'est une jolie reconstitution de l'URSS vieillissante, très Goodbye Lenin, très bureaux en formica.
Les tractations entre la France et les Etats-Unis concernant cette source inespérée au coeur du renseignement russe sont représentées par des incarnations de chefs d'Etat (Reagan, Mitterrand, Gorbatchev...). C'est potable. Il y a du budget pour les repérages (insert dans la cour de l'Elysée, etc..).
Il y a quelques longueurs au milieu, des scènes qui distillent de l'atmosphère mais sont là pour meubler (Pierre et Grigoriev qui aident des mariés à se prendre en photo, le fils de Grigoriev qui tripe sur Queen).
Le problème, c'est que pour tenir la durée, le film utilise des ficelles psychologiques hélas assez grosses. Un sorte de prêt-à-tourner des scénarios de films à la française. Avec au centre, cette idée que s'improviser espion ruine votre vie sentimentale. C'est très stupide, très infantile, et ça donne des personnages féminins inintéressants, dont le seul rôle est de culpabiliser le héros sur leur vie de famille. Au contraire, faire de l'espionnage, quel meilleur aphrodisiaque ?
Bref, ça retombe par moments dans les tropes des comédies sentimentales française : "Tu me mens depuis le début. On va se séparer. J'ai perdu la confiance". "Je sais que j'ai préféré te dissimuler ça mais c'était pour te protéger. J'ai complétement déconné. Je t'aime toujours".
Ou encore la scène du fiston qui découvre que son père a une amante et lui envoie dans la gueule qu'il ment.
Pfff.
C'est dommage car je partais sur une impression très favorable. Il suffisait d'amputer le film d'une bonne demi-heure de scènes conjugales au milieu.
Synopsis
1984. Pierre Froment, ingénieur Thomson à Moscou, est contacté par Sergueï Grigoriev, ponte du KGB dans une URSS de Brejnev déliquescente. Ce dernier veut transmettre les principales taupes soviétiques en Occident. Froment est un amateur, mais il est plus fiable que les espions de la DST, que les services russes connaissent. Malgré les récriminations de sa femme, il devient espion. Il lui fait croire qu'il a abandonné.
Pendant ce temps, Mitterrand utilise cette source incroyable pour amadouer Reagan. Et les révélations sont incroyables : 15 espions dans les hautes instances de la CIA, la NASA etc... Des plans ultrasecrets acquis par des trésors d'espionnage industriel. La DST nomme la source "Farewell", pour mettre les Russes sur une piste américaine.
Les deux personnages principaux, dans le ventre mou du film, se débattent avec des problèmes sentimentaux : la femme de Pierre découvre qu'il continue à espionner et fait du chantage au divorce ; Grigoriev, qui a eu une amante, décide de revenir auprès de sa femme. Mais son fils découvre sa liaison et lui en met plein les dents. Quoi qu'il en soit, Grigoriev transmet rapidement la liste X, celle des taupes les plus importantes. Pierre l'utilise et demande à Thomson une mutation à New York. La CIA fait le ménage au sommet.
Mais la source est grillée par les Russes via une indiscrétion américaine : Grigoriev est emprisonné et subit le traitement de luxe. Il retient ses aveux le temps de laisser à Pierre le temps de fuir via la frontière scandinave.