Deux affaires Rachel Singer: une réussie et l'autre emmerdante
Produit par Marv, la boite de Matthew Vaughn, L'Affaire Rachel Singer est un film assez inégal. Décomposé en deux parties séparées temporellement comme le magnifique Blue Valentine (j'en profite pour en faire de la pub, il mérite tellement que vous le visionniez), le long métrage du réalisateur de Shakespeare in Love n'offre pas deux parties égales qualitativement parlant.
En somme, on a deux histoires en une qui se rejoigne pour faire ce qu'on appelle un twist (révélation choc qui change totalement les enjeux). Malheureusement, ce twist est beaucoup trop prévisible, c'en est même gênant de voir le réalisateur nous poser les explications comme si c'était des révélations de fou. Du coup, je suis assez mitigé devant L'Affaire Rachel Singer parce que le film est tellement bon dans sa partie historique. Pour la suite, je vais critiquer séparément les deux parties.
Aussi attention il peut y avoir tromperie sur la marchandise, ne vous attendez pas à un actionner avec Sam Worthington. La vraie star, ce n'est pas lui, ni Helen Mirren mais bien, Jessica Chastain mais étant donné sa notoriété quasiment nulle (ça a changé depuis The Tree of Life), il était suicidaire de faire reposer le marketing du film sur elle. Voilà aussi pourquoi la bannière du film pour l'article ne montre pas Helen Mirren mais bien Jessica Chastain (un moyen de ma part de lui rendre les honneurs qu'elle mérite pour le film).
Il faut arrêter le chirurgien de Birkenau – 7/10
Cette partie représente la plus grosse majorité du film, elle représente même un film à elle seule. D'une durée d'une heure vingt, elle suit le trio Rachel, David et Stefan dans une mission consistant à arrêter le monstre des camps de concentration de la seconde guerre mondiale.
Le trio d'acteurs joue bien. Jessica Chastain est magnifique dans le rôle d'une femme forte/fragile. On finit par succomber au charme de son personnage. Quant à Sam Worthington à des milles lieux de ses précédents personnages de blockbuster, il arrive à nous émouvoir en étant David, un personnage traumatisé par la perte de sa famille dans les camps.
En plus de l'intrigue palpitante pour arrêter le chirurgien devenu un simple gynécologue à Berlin Est, on nous propose un trio amoureux tragique mais surtout passé la moitié de cette intrigue, Jesper Christensen (le chirurgien de Birkenau) commence à prendre de l'ampleur. Il devient nettement inquiétant: ce sera l'occasion de formidables scènes face à Sam et Jessica. On bifurque donc du film d'espionnage vers un huis clos étouffant.
C'est avec regret qu'on quitte ces personnages pour retourner dans l'intrigue se déroulant en 1997 avec Helen Mirren.
Les conséquences de la mission (30 ans plus tard) – 4/10
Franchement, j'ai été déçu d'être arraché du charme de Jessica Chastain pour me retrouver avec Helen même si je l'adore (The Queen m'avait époustouflé, elle est la seule attraction de Red même avec Bruce Willis et Morgan Freeman à ses côtés). Surtout pour une intrigue aussi faiblarde (surtout pour les raisons citées au début de l'article) que le trio Mirren/Hinds/Wilkinson (pas des débutants donc) n'arrive pas à sauver.
Il est surprenant qu'un film aussi poignant dans sa partie historique devient un vulgaire film d'espionnage prévisible de bout en bout. Je ne parle même pas du maquillage ridicule
Spoiler
(le summum est atteint lorsque Helen retrouve Vogel, son maquillage est à mourir de rire)
nuisant à toute crédibilité.
L'Affaire Rachel Singer aurait beaucoup gagné à être coupé d'au moins la moitié de l'intrigue avec Mirren, il serait devenu plus fluide et moins prévisible.
Un film d'espionnage mitigé proposant deux parties inégales. On se ravira avec le trio Chastain/Worthington/Csokas et on s'emmerdera avec leurs homologues proches de la retraite Mirren/Hinds/Wilkinson.
Sa scène culte : la première fois que Rachel Singer rencontre David, un plan furtif très réussi.