Tel-Aviv, 1997. Rachel Singer (Helen Mirren) est invitée par sa fille Sarah (Romi Aboulafia) à une soirée de promotion d’un livre écrit par cette dernière, narrant comment en 1965, sa mère, alors âgée de 25 ans (Jessica Chastain), participa à une mission secrète du Mossad, qui consistait à arrêter Dieter Vogel (Jesper Christensen), plus connu sous le nom du « Chirurgien de Birkenau », un médecin coupable d’ignobles expériences sur des Juifs déportés, et à le ramener en Israël. Or la mission ne se passa pas comme prévu, et Vogel fut tué en tentant de s’échapper dans Berlin. C’est en tous cas la version officielle, telle que racontée par Rachel Singer et ses anciens compagnons d’armes. Mais les choses se déroulèrent-elles réellement comme les principaux protagonistes de l’affaire le racontent ?
Remake hollywoodien d’un film israélien, L’Affaire Rachel Singer se justifie tout au moins par un casting impeccable, avec en tête une Helen Mirren comme à son habitude époustouflante, d’autant qu’elle est incarnée à 25 ans par Jessica Chastain, dont le talent n’est pas moindre. On s’attache donc immédiatement au personnage principal, et on suit avec un intérêt constant le parcours de cette femme qui ne se reconnaît pas dans l’héroïne qu’elle est devenue suite au récit d’une mission fait par les protagonistes eux-mêmes, récit dont je vous laisse découvrir les écarts avec la réalité…
Les personnages, tous finement écrits, et particulièrement celui de Dietrich Vogel, incarné par un Jesper Christensen extrêmement impressionnant, permettent au film d’éviter tout manichéisme, posant la question du remords qui pourrait agiter un monstre tel que Vogel, et de la seconde chance qu’on pourrait (ou devrait ?) ou non lui accorder. Ainsi, les scènes de confrontation entre Vogel et ses geôliers du Mossad constituent les plus grands moments d’un film qui prend par ailleurs un peu trop son temps. Mis en scène de manière efficace mais guère recherchée, et peu aidé par la musique de Thomas Newman, partition interchangeable trop caractéristique du cinéma d’espionnage contemporain, c’est donc par la finesse de son écriture et la qualité indéniable de son interprétation que L’Affaire Rachel Singer franchit l’épreuve de la critique avec succès.