Jusqu’au décès de son mentor et patron, Roman J. Israël était un avocat cantonné aux coulisses du monde du droit et abattait dans l’ombre une large partie d’un travail d’équipe. Mais désormais pris à la gorge par les dettes et le besoin, il se laisse acheter par un grand cabinet, opère maintenant au grand jour, dans un monde où il n’a plus droit aux erreurs et aux arrangements personnels que l’anonymat protégeait jusque là.
Deux thèmes gouverneront cette aventure. D’abord celui d’un homme redoutablement efficace, au savoir encyclopédique, à la mémoire pointilleuse et à l’idéalisme irrésolu, qui pourraient l’amener à réaliser son rêve militant de révolution pour un système judiciaire plus juste, mais dont l’intransigeance, le franc-parler, l’absence de look et de style, se heurtent à la souveraineté des commerces des verdicts et des marchandages des peines. Le second, plus humain, raconte l’insolite enjeu d’un homme exigeant l’exemplarité qui, confronté à sa propre forfaiture, s’auto-juge et se condamne pour faiblesse et indignité, moins dans les textes de loi que dans la trahison de son purisme personnel.
Ce bon petit film se laisse agréablement voir sans pour autant promettre une œuvre mémorable. Il vaut presque le détour juste pour l’étonnante performance de Denzel Washington que je n’avais jamais vu aussi scotchant.