L'Âge de glace 2
6.2
L'Âge de glace 2

Long-métrage d'animation de Carlos Saldanha (2006)

Après le succès du premier Âge de glace, les suites se sont succédées à intervalles réguliers, tous les 3-4 ans, jusqu’au cinquième et dernier volume en 2016.

L’Âge de glace 2 est donc la première de ces séquelles. Le félin Diego, Manny le mammouth grognon et le farfelu paresseux Sid sont bien évidemment de la partie, un trio d’amis bien différents mais qui ne souffre d’aucune contestation. Le film n’essayera même pas de faire imploser le groupe pour mieux le rassembler, habituel cliché si récurrent pourtant.

Bien installés dans leur vallée, accompagné d’autres animaux préhistoriques, ils doivent la quitter quand le glacier qui la surplombe est en train de fondre. Cette menace sourde dirige le groupe vers une embarcation promise, allusion évidente à l’Arche de Noé. De cette fonte vont aussi s’extraire de leurs blocs de glace deux monstres marins carnivores, qui feraient bien de nos héros leurs goûters.

Mais l’urgence n’est pas si présente, elle pousse aux fesses les personnages mais la menace n’est jamais vraiment inquiétante. L’Âge de glace 2 reste ce film familial assez rassurant. Ce qui détermine plus le sujet de cette suite est une nouvelle fois une histoire de familles. L’histoire du bébé humain du premier étant terminé (et plus jamais il n’y aura d’humains dans la série), il est y à nouveau question de progéniture. Manny est considéré par tous comme le dernier mammouth, ce qu’il a du mal à accepter. Il fait pourtant la rencontre d’une mammouthette, Ellie. Deux difficultés vont pourtant se présenter. Ce mammouth grognon est loin d’être familier avec l’art de se faire des amis, encore moins de séduire. Et Ellie est persuadée d’être un opossum, accompagnée de ses deux frères, les boules de nerfs cinglées, Eddie et Crash.

Notre trio de bêtes préhistoriques est donc à peine consolidé depuis le premier film, dont les événements seront tus, que ce petit groupe est agrandi. Les provocations des deux opossums peuvent agacer, mais leurs folies entraîneront bien des gags. Il est aussi amusant de découvrir un mammouth qui se croit être un opossum, avec toute la (mauvaise) grâce qu’on imagine. Cela ne durera qu’un temps. Une fois Ellie conscient de sa nature pachydermique, ce n’est pas pour autant que sa relation avec Manny doit couler de source, encore moins pour la seule raison qu’ils seraient les derniers mammouths. L’histoire arrivera tout de même à aller au bout du résultat attendu, mais avec une certaine prudence. Les bons sentiments rassurants auront bien le dernier mot, là où le premier proposait une légère pointe d’amertume et de sentimentalisme un peu plus audacieux. Il est aussi regrettable que le fort caractère d’Ellie ne puisse la protéger d’une transformation en demoiselle en détresse, dont le sauvetage proviendra de Manny, comme de bien entendu.

L’histoire tourne à ce point autour de Manny que ses deux compères auront beau être présents et participeront à ou commenteront ces péripéties amoureuses, ils seront néanmoins en retrait. Diego aura tout de même droit à une vague intrigue secondaire autour de sa peur de l’eau. Pour Sid, il n’y aura pas d’étoffement du personnage, mais une scène isolée assez réussie où il sera considéré comme un dieu du feu par des mini-paresseux.

Pour autant, l’Âge de glace 2 en dehors de ses quelques péripéties et de ses amourettes maladroites s’apprécie bien plus pour son humour, une fois encore familial mais réussi. En dehors de quelques chutes et plaisanteries faciles, le film repose surtout sur ses dialogues, très réussis en Français (et son doublage réussi). Les héros s’en donnent à coeur joie, se donnant des coups de coudes taquins, mais même les personnages secondaires ne sont pas oubliés. Comme cette réplique de mauvaise foi de Manny « Je ne suis pas gros ; ma fourrure fait de l’épaisseur, c’est trompeur. J’ai le poil bouffant. », cette conversation de bousiers en exode qui poussent une bouse « - On est vraiment obliger d’emmener cette bouse ? - Mais… c’est un cadeau d’maman ! » ou cette réplique d’un vautour après un discours peu réjouissant sur ce qui les attendant « Il y a quand même une bonne nouvelle…[Toute l’audience est soulagé…] Plus vous serez nombreux à mourir, plus je me régalerais. [Tout le monde est horrifié…] Je n’ai jamais dit que c’était une bonne nouvelle pour vous ! ».

Le film fait d’ailleurs plusieurs plaisanteries qui amuseront avant tout les plus grands, avec quelques petites références notamment à Mission Impossible 2. Et il va de soit que Manny et Ellie ne sont pas supposés repeupler la Terre de mammouths en plantant des choux et des fleurs.

Et puis il y a bien sûr Scrat, la mascotte de la série, toujours à courir après son gland. Il croisera de près ou de loin le groupe, mais il n’aura toujours d’yeux que pour sa graine. Sa quête est sans fin, à la poursuite d’un gland qui lui échappe toujours. Toutes les relations d’amour devraient avoir la même détermination que Scrat. Mais pas les mêmes mésaventures. L’écureuil à grandes dents est une fois encore entraîné dans des péripéties sans texte, dans la plus grande tradition du burlesque, mais ici agité et déformé, se renouvelant sans cesse. Chris Wedge est une nouvelle fois aux bruitages, ses petits cris de joie, de colère ou de dépit ont toujours cet incroyable pouvoir comique.

Le premier Âge de glace était déjà une belle prouesse technique, malgré son âge toujours plus avancé. Cette suite fait mieux, bien évidemment. L’animation des personnages est travaillée, même si celle de Diego semble encore un peu maladroite dans ses mouvements. Nos mammifères à fourrure prennent du poil. Les textures sont plus précises. Il reste que pour certains personnages il y a un effet plastique ou de peluche selon les espèces qui fait un peu jouet, peut-être est-ce voulu, mais cela fait un peu artificiel.

Enfin, contrairement à Shrek 2 qui semblait avoir abandonné dès son deuxième volet ses intentions de proposer des scènes plus esthétiques, il y a dans cette suite un certain nombre de plans assez réussis, assez beaux. Les glaces, avec leurs nuances de bleu froid et de blanc, sont assez évocatrices, le froid semble plus chaleureux que dangereux. Le « paradis » est lui aussi assez évocateur, très esthétique. Le film n’est donc pas seulement une démonstration de force technique, mais il démontre aussi que l’outil numérique peut être utilisé pour flatter l’oeil. L’Âge de glace 2 ne révolutionne donc rien, et certainement pas son histoire, mais il se révèle une suite solide, avec son humour réussi et sa technique à la hauteur.

SimplySmackkk
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le 26 mai 2023

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