Une idée à laquelle j'ai repensé plusieurs fois depuis qu'au collège, j'avais imaginé m'écrire une lettre à n'ouvrir que le jour de mes 40 ans. J'aurais dû le faire, ça aurait été marrant. Maintenant, tant de décennies plus tard, difficile de me souvenir de ce qui me tenait vraiment à cœur à l'époque, ou pire, de ce qui me préoccupait tant que je voulais me prémunir d'avance contre son avènement redouté. Peu importe, à vrai dire, je n'ai jamais vraiment pensé que les enfants étaient des créatures innocentes dont il fallait chérir la spontanéité. Mais voilà un film qui fait le pari inverse et souhaite sauver le personnage joué par Sophie Marceau d'elle-même. Parce qu'elle travaille dans ces milieux d'affaires que, de l'extérieur, on pare de tous les défauts. Peut-être pour de bonnes raisons, remarquez, mais comme ils gravitent quelques kilomètres au-dessus de nos têtes, on ne s'en fera certainement jamais une idée vraiment précise. Toujours est-il que voilà notre requine inoxydable (j'inaugure, soyez indulgents) se retrouve avec tout un paquet de lettres écrites par son ancien moi à destination de sa personne contemporaine, à l'âge le plus bête qui soit (45 ans, apparemment). Et ça arrive au moment où elle doit négocier un deal nucléaire juteux pour sa boîte tout en métal et en verre, où son amant ambitieux comme elle lui réclame malgré tout un enfant et où elle se pense bien placée pour obtenir une promotion qui rendrait jalouse Christine Lagarde elle-même. Alors, bon, autant dire qu'elle navigue à des lieues de mon petit port nautique à transat, mais bon, j'étais lancée, j'ai suivi ses tergiversations jusqu'au bout. Même si le filtre sur le visage de Sophie Marceau d'entrée de jeu m'a tout de suite caressée à rebrousse-poil. Après, pire, ça enquille sur des flashbacks dont les enfants sont les héros. Et j'ai un peu de mal avec les films dont les enfants sont les héros, je l'avoue. Souvent, ils jouent mal, premièrement (tiens, Harry Potter, prends ça pour toi, au passage) et plus souvent encore, ils ressemblent bien trop à l'idée que des adultes nostalgiques de leur enfance se font des enfants pour être honnêtes. C'est plus la seconde proposition qui l'emporte, ici. Foin de réalisme, on remonte le temps pour aller trouver des trésors cachés dans des puits et on conserve au fond de son cœur des sentiments véritables forgés pendant des journées ensoleillées passées à battre la campagne loin des parents. Passons. Au final, le conte fonctionne à plein et s'achemine vers la fin qu'on imaginait à la 3ème seconde, pas de frisson, donc, pour une histoire gentillette, mais dotée de moyens, qui a déjà à moitié quitté ma mémoire trois jours seulement après le mot fin.