L'Aigle des mers par Adobtard
Philistin inepte ! Pisse-froid désolant ! Fesse-mathieu au cœur pauvre !
Voilà, c'est toujours ça que Torpenn n'aura pas.
Du reste je lui fais entièrement confiance pour en trouver d'autres, mais j'avoue tirer un certain plaisir à lui avoir coupé l'herbe sous le pied pour trois de ses qualificatifs préférés.
Moui, moui, moui.
Non, alors ne nous y trompons pas, c'est plein de qualités.
Mais bon, ça reste un film de cape et d'épées, et si j'avais toujours eu un doute à leur sujet, maintenant je suis plus sûr de moi : tout ça ne me plaît guère.
Puis bon, on dira ce qu'on veut, quelques fois l'histoire a une tendance à se foutre un peu de nous.
Le passage dans les marais est particulièrement faible, l'abandon de poursuite par les espagnols « personne ne peut en sortir vivant », puis un montage nous montrant une succession de bonhommes qui y meurent, pour voir le petit groupe en réchapper tout naturellement avec une grande facilité (ce sont eux-même qui le disent), on cherche un moment la logique, en vain.
Puis y'a Errol Flynn. Il me fait beaucoup penser à Clark Gable. J'ai jamais trop compris l'engouement pour ces messieurs.
Il a une bouille de petit beau-gosse beau parleur, qui lui donne irrésistiblement des airs de faux-cul hypocrite souvent détestable. Je suis presque convaincu que je ne me serais pas entendu avec lui, et qu'il m'aurait volé ma douce à la moindre occasion.
Douce qui en revanche est pas mal du tout, faut bien le reconnaître. Même si sa présence est étrangement inégale d'un plan à un autre, et quelques fois elle me semblait particulièrement attirante, et d'autres fois me laissait relativement indifférent (et ça, c'est pourtant pas facile !).
Oh, il y a de bonnes idées de mise en scène, ça et là, qui se promènent. Le coup de l'orchidée, ça c'est chouette. Les jeux d'ombres ? Moui, ils l'ont fait au tout début, était-ce la peine d'y revenir à la fin ? Ou inversement, mais sans être réellement lourdingue, c'était un peu grossier.
Enfin, ça restait d'un goût raffiné en comparaison à l'immonde plan vers la fin où l'ambassadeur voit le reflet de Thorpe et ses hommes dans son verre. Non mais quelle esthétique ! Je veux dire, habituellement Hollywood ont leur fait confiance (l'ancien hein, pas le nouveau, eux on leur fait confiance pour rien du tout) pour une esthétique propre, travaillée sans jamais être kitsch. Excusez-moi de l'expression, cet effet était digne d'un Demy, et s'il m'aurait ravi dans le contexte d'un Demy, ici c'était un cheveu sur la soupe particulièrement indigeste.
Y'a la durée du film aussi. En fait tout se passait bien, jusqu'à ce que l'heure et demi syndicale (allez, et 45, pourquoi pas, mais pas plus) soit passée. Là, on se dit, « bon, y'a du rebondissement un peu inutile quand même », puis on se rend compte que ça dure plus de 2h, et ça c'est pas cool.
Si j'étais du genre pinailleur, je pourrais dire qu'il y a un petit problème de rythme du coup, mais ça ce serait chercher la petite bête, soyons franc, ça se regarde sans déplaisir, et c'est parfait pour la soirée d'un Dimanche qui n'aura été centré qu'autour du principe de moindre effort.
Et enfin, pour continuer à m'attirer l'indifférence royale de Monseigneur, je conclurai en arguant que la chanson de marin ne vaut pas celle qu'on pourrait trouver, dans, 'mettons, le « Conte d'été » d'Eric Rohmer ? Moui ?