L'Aigle des mers est considéré à juste titre par de nombreux critiques et historiens comme un chef-d'oeuvre du film d'aventures maritimes. Avec Capitaine Blood, Errol Flynn entamait en 1935 une série de 11 films tournés sous la direction de Michael Curtiz, et dont celui-ci représente avec les Aventures de Robin des Bois une apogée conjointe de leurs carrières. Peu de films d'aventures sont aussi passionnants que cet Aigle des mers, dans lequel on retrouve à la fois un acteur irremplaçable, un réalisateur prestigieux, et le style d'une grande compagnie hollywoodienne, celui de la Warner, fougueux, soigné et populaire.
Le personnage du capitaine Thorpe incarné par Flynn, est évidemment inspiré par celui du célèbre "corsaire de la reine" sir Francis Drake qui permit à Elizabeth Ière et à l'Angleterre de réduire la puissance espagnole en pillant de nombreux galions chargés de l'or du Pérou, et surtout d'abattre la fameuse Invincible Armada du roi Philippe II d'Espagne.
Le film bénéficie de plusieurs composants positifs : une magnifique direction artistique, une belle photo en noir & blanc de Sol Polito, une musique endiablée et chatoyante d'Erich Wolfgang Korngold (qui reste avec celle des Aventures de Robin des Bois, une de ses plus fabuleuses partitions), et un casting de choix, avec outre ce cher Errol toujours aussi bravache et impétueux, des acteurs comme Claude Rains, Donald Crisp, Henry Daniell, Alan Hale, Una O'Connor, et une parfaite Flora Robson dans le rôle de la reine Elizabeth, rôle qu'elle avait déjà tenu dans un film britannique en 1937, L'Invincible Armada ; cette composition remarquée lui permit d'être invitée à Hollywood pour reprendre le rôle, et elle mènera une honorable carrière hollywoodienne.
Mais le film a aussi une portée symbolique : comme beaucoup d'autres films produits par la Warner à la fin des années 30 et début 40, il apparait avec le recul comme une parabole politique. Le discours menaçant d'Elizabeth d'Angleterre envers Philippe II d'Espagne, s'adresse à ceux qui menacent la liberté par l'oppression et la dictature, en gros c'est l'Allemagne nazie qui est visée. Mais derrière ce discours politique et l'aspect historique opposant les 2 royaumes d'Angleterre et d'Espagne au XVIème siècle, il y a avant tout un somptueux spectacle plein de panache qui symbolise la magnificence dont Hollywood pouvait faire preuve à cette époque, et c'est ça l'important.

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le 2 avr. 2018

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