Parce que les méchants ont aussi un petit coeur tout chaud

Michael Caine a révélé être déçu du processus créatif de ce film. Lorsqu'il a accepté de tourner dedans, il s'était dit, comme tous les autres acteurs, que ce serait merveilleux puisqu'un 'grand' de Hollywood venait en Europe pour les diriger. Le scénario étant bon, il n'y avait pas de raison que ce ne soit pas un chef d'oeuvre. Malheureusement, lors du tournage, Sturges a déclaré, sans gêne, que sa passion était désormais la pêche, que les films il n'en faisait plus que pour amasser du fric pour lui justement aller dans les coins de pêche les plus chers au monde. D'ailleurs, une fois le film tourné, le bougre aurait pris son argent, se serait envolé chez lui et ne serait jamais revenu lors de la post prod'. C'est ce que déplorent Caine et d'autres membres ayant participé à "The eagle has landed" : une bonne partie du film est réécrite au montage, c'est donc une étape suffisamment importante pour qu'un auteur impliqué se montre présent. Tel ne fut pas le cas, et Caine, même s'il trouve le film correct, attendait un résultat plus intéressant.


Personnellement je me suis bien amusé devant ce film de guerre. Même si le réalisateur ne s'est pas trop impliqué dedans. Le scénario est en effet la force du film : adopter le point de vue de l'ennemi, sans tenter pour autant de justifier, c'est couillu ; au final, il en ressort vraiment l'impression qu'il n'y a ni gentil ni méchant, que ce que les Allemands ont fait, les alliés l'auraient fait aussi. Outre ce choix thématique, j'ai trouvé la construction efficace, peut-être une fin un peu abrupte, mais qui fonctionne. Pour moi qui aime les dialogues, j'ai été bien servi : ça parle tout le temps, c'est étiré, on laisse le temps aux personnages/acteurs de s'exprimer. J'ai bien aimé ce rythme d'écriture. Puis il y a de belles situations, bien exploitées, et de belles scènes d'action sur la fin (ça tire!).


Côté mise en scène, on dirait parfois un téléfilm. Je ne sais pas si c'est la qualité de l'image (avec ces filtres) ou bien le découpage, ou bien les deux. Ce n'est pas trop grave, tant que l'histoire est bonne, ces failles techniques n'empêchent jamais la compréhension. Mieux, avec une caméra qui s'efface la plupart du temps, on a vraiment l'impression d'avoir affaire à un produit brut. Quand les combats éclatent, que les balles fusent, il n'y a pas de folie graphique, juste des champs et des contre-champs, ce qu'il y a de plus direct. Enfin, il y a ce casting toujours chouette. En même temps, à l'époque, beaucoup de films de guerre comprenaient un casting aussi généreux en vedettes.


Bref, "The eagle has landed" est un film de guerre un peu couillu, qui aurait peut-être nécessité une mise en scène plus audacieuse pour certaines séquences, mais qui, en l'état, reste un bon divertissement.

Fatpooper
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le 30 août 2014

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