L'Aile ou la Cuisse par batman1985
La carrière de Claude Zidi n'est pas composée que de bons films. Il suffit par exemple de regarder ses oeuvres des années 90 pour constater que ce n'est pas très follichon... Cependant, dans les années 70, le metteur en scène français a eu la chance de pouvoir tourner avec deux géants du cinéma hexagonal: Coluche et Louis de Funès.
Il faut bien avouer que le film conserve un certain charme, parfois sympathique mais parfois aussi un peu vieillot. Mais cependant, certains aspects de cette comédie ont vieilli. On va essentiellement pointer le passage dans l'usine, où Charles et Pierre découvrent la façon dont les usines Tricatel fonctionnent et la manière dont sont créés les produits alimentaires sortant de la fabrique. Ca a très franchement vieilli et honnêtement, ce n'était pas très drôle (hormis peut-être le passage sur la façon dont fait le poulet, ce dernier passant encore). Certes, Zidi et son équipe veulent transmettre le message que la consommation de masse am§ne à créer des produits de masse. Ceux-ci ne vaudront dès lors jamais les produits du terroir où les produits que les grands restaurants s'évertuent à réaliser pour le plus grand plaisir de nos papilles. C'est d'ailleurs là, un autre point-clé de L'aile ou la cuisse, c'est qu'il y au fond une sorte de légère moquerie envers les critiques culinaires ou les (grands) restaurateurs qui pensent parfois les flouer. Mais Charles Duchemin possède plus d'un tour dans son sac... N'oublions pas qu'être critique culinaire est un métier difficile, très peu apprécié puisque parfois responsable de pertes de réputation qui peuvent être irréversibles pour un restaurateur.
D'un point de vue comédie pure, on reste dans un sympathique moment où le sourire nous accompagne souvent et où le rire est parfois présent. Un des moments assez drôle est lorsque la secrétaire de Duchemin tombe du lustre. Juste avant le critique hurle qu'il faut amener une échelle et une la vielle femme tombée, hurle à nouveau: "laissez tomber l'échelle." A titre personnel, c'est un genre d'humour que j'apprécie beaucoup. Un autre moment très réussi est bel et bien la fin lorsque Charles Duchemin se rencontre que les plats servis à l'Académie viennent de produits tout droit sortis de chez... Tricatel.
Le film de Zidi vaut essentiellement pour son duo Coluche - de Funès évidemment. Une rencontre un peu improbable, entre deux humoristes possédant tout de même des styles différents. Ce qui est également le cas dans leur rôle. Coluche tient le rôle de Pierre, le fils de Charles. C'est un garçon attiré par le monde du cirque et qui ne veut absolument pas travailler dans le domaine de la restauration. On peut même le trouver un peu naïf. Charles Duchemin est totalement l'opposé. Il vit une passion immense pour la cuisine, il veut la faire partager à tout prix à son fils. C'est un droit et respectable, assez nerveux et colérique (comme le sont souvent les films de de Funès). Bref, un duo qui finit par être complémentaire. Bien qu'on est parfois à mille lieux de ce que Coluche peut parfois faire (je me souviens essentiellement de lui comme étant un humoriste n'ayant pas sa langue en poche et qui pouvait se montrer très dur dans ses propos). Coluche qui n'était d'ailleurs pas le choix initial puisque le rôle était d'abord voué à Pierre Richard. Mais ce dernier préféra tourner avec Lautner et c'est donc le comique français qui le remplaça au pied levé. De Funès quant à lui apparaît amaigri et affaibli dans ce film. Il faut dire que le personnage se remettait à peine de son attaque cardiaque, survenue en 75. Il s'agit du premier métrage qu'il retourne après ses ennuis de santé. C'est également sa première collaboration avec Claude Zidi. Il y en aura une seule autre pour le film La zizanie.
Au final, on obtient une comédie assez sympathique qui a parfois mal vieilli mais qui dans l'ensemble saura encore nous divertir. Un Zidi qui se montrait parfois inspiré, parfois moins, comme on le constatera plus tard dans sa carrière.