Un plan saisissant, très cru, au début de L’amant double, rejoue L’origine du monde en mode chirurgical, suivi d’un œil venant s’y superposer tels un collage surréaliste à la Buñuel (Un chien andalou) ou un plan anthologique à la Hitchcock (La maison du docteur Edwardes, Psychose, Sueurs froides…). François Ozon pose ainsi, d’entrée de jeu, les jalons de son film : exploration de l’entité féminine et révérences à plusieurs maîtres du septième art. Le personnage de Chloé, tout droit sorti d’un Polanski des beaux jours (on pense surtout à Répulsion), tombe amoureuse de son psychothérapeute, s’installe avec lui, puis découvre qu’il lui a dissimulé une partie de son passé. Mais Chloé semble cacher, elle aussi, des faits troublants de sa personnalité… Et si tout se déroulait dans sa tête ? Et si Chloé était en train de devenir folle ? Mais peut-être l’est-elle déjà…


Comme souvent (comme trop souvent même), Ozon s’appuie sur un scénario de base plutôt intrigant, voire assez malin (inspiré ici d’un roman de Rosamond Smith, alias Joyce Carol Oates), mais dont il ne sait que rarement, en tout cas pas entièrement, tirer parti (si l’on excepte Sous le sable et Le temps qui reste, ses plus beaux films). Cet Amant double n’échappe d’ailleurs pas à la règle, gentil thriller gentiment polisson à défaut de grande œuvre schizophrénique sachant jouer de ses mystères et de sa séduction (et ce malgré le sex très appeal de Marina Vacth et Jérémie Renier). Dans la veine vénéneuse de ses films plus ou moins tordus (Sitcom, Les amants criminels, Swimming pool…), Ozon s’amuse (et combine) les thèmes du double (qu’il soit avéré, larvé ou fantasmé, avec miroirs et reflets déclinés sous toutes leurs formes), de la paranoïa et de l’inconscient d’une femme sous influence, partagée entre désirs équivoques, désordres psychiques et mal-être amoureux.


Mais à collectionner références et figures de style (escaliers en colimaçons, split screens, frasques corporelles et sexuelles…), à louvoyer sans cesse entre De Palma, Verhoeven, Lynch ou Cronenberg (mais sans la maîtrise du premier, la roublardise du second, la singularité du troisième et la viscéralité du dernier), Ozon se prend les pieds dans son bad trip retors (beaucoup de questions resteront sans réponse quand d’autres, au contraire, seront trop explicitées) et dilapide tout le crédit que l’on pouvait accorder, au moins jusqu’à sa moitié, à ce puzzle psychologique qui terminera sa course en roue libre, ou comme un mauvais De Palma.


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mymp
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le 5 juin 2017

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