L'Amitié
L'Amitié

Film de Serge Bozon (1998)

L'amour faisant cruellement défaut, je me suis rabattu sur l'amitié, en pensant que c'est plus sûr, solide, durable et tout ce genre de chose. Bon tout ça c'est bien beau, mais je n'avais jamais entendu parler de ce film. Maintenant je comprends mieux... Je suis tombé sur une séance unique présentée par le réalisateur. Je ne vais donc pas vous raconter le film parce qu'il n'y aurait pas grand chose à raconter, mais je vais essayer de me rappeler la présentation du réalisateur lui-même parce que ça vaut le coup. Alors déjà, le film date de 1996 alors que j'avais lu je ne sais trop où qu'il était annoncé comme étant de 1966. Ensuite, Serge Bozon est venu expliquer que son film a été bricolé avec les moyens du bord, parce qu'il était fauché comme les blés et que ça se sent à l'écran. Il a ajouté qu'à l'époque du tournage, il n'avait quasiment aucune connaissance technique, n'ayant jamais entendu parler d'étalonage ou de synchronisation. Enfin le scénario est d'Axelle Ropert, mais imaginé dans l'urgence avec beaucoup d'improvisations. Et puis, comme les moyens manquaient il était hors de questions de jeter ce qui avait été tourné. Au visionnage on ne peut qu'approuver. Et ce n'set pas parce que Serge Bozon a bien fait rire la salle pendant le quart d'heure de présentation que cela change quelque chose. Il s'est amusé à décrire ses déboires vis-à-vis du monde du cinéma, personne ne voulant voir son film, personne ne voulant le distribuer, personne ne venant aux rares séances proposées. Pour ceux qui se demandent comment et pourquoi celle-ci a été organisée, il faut savoir que Serge Bozon a longtemps gravité dans un certain milieu du cinéma français, copinant avec des gens comme Guiguet et Vechiali. Vechiali étant à l'honneur, on fait une fleur à Serge Bozon, pourquoi pas.Alors. Serge Bozon explique tout cela en détail, avec un débit de voix impressionnant, avec de nombreuses digressions, parce que pour une fois, il a la parole, on compatit et on se réjouit à l'idée de découvrir un film totalement méconnu. Malheureusement, le film se révèle être exactement ce qu'on pourrait attendre, Bozon allant jusqu'à annoncer certains défauts probablement mineurs à ses yeux, comme l'influence des cinéastes qu'il a longuement côtoyés. Sachant qu'il a tout financé avec sa paye de fonctionnaire, l'indulgence est de mise. Hélas, le scénario s'éparpille, avec des pans entiers qui ne se rattachent à rien. Le comble, c'est que c'est une de ces scènes qui retiennent un peu l'attention, dans une classe d'apprentissage pour jeunes adultes, Jean-Pierre est complètement à côté de la plaque en répondant systématiquement à contre-courant aux questions de la prof. Visiblement il ne comprend rien depuis des mois. Mais ce qu'il ne comprend pas, ce n'est pas seulement la comptabilité, mais le fonctionement humain. Il raisonne avec honnêteté contrairement à tous les autres qui sont très pragmatique et n'hésitent jamais par exemple à faire cadeau de ce qui ne leur a jamais appartenu. Rien que pour cette scène inattendue, le film mérite quelques points. Le problème, c'est que cette scène est trop longue et trop répétitive. Et le problème avec le film c'set qu'il n'a ni queue ni tête. Le détail qui tue, un des innombrables producteurs à qui Serge Bozon a écrit lui a conseillé de changer de nom...

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le 22 juil. 2015

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