L'Amour avec des si par inspecteurmorvandieu

C'était une époque où les violeurs de femmes et d'enfants étaient appelés des sadiques. L'un d'eux vient de s'évader de La Santé et on retrouve un homme répondant à son signalement dans une DS sillonnant le Pas-de-Calais sous la neige.

Le paysage hivernal, entre terre est mer, du premier film de Claude Lelouch est saisissant, presque surréaliste. Sensation accentuée par des cadrages singuliers et un montage haché. Cinéaste inconnu à l'époque, Lelouch a pu tromper son monde avec son scénario en forme de road movie et d'errance d'un criminel. Mais je n'ai pas été dupe de son intrigue en trompe-l'oeil...

A vrai dire, son sujet de faux polar est très mince sur le fond. C'est plutôt la forme qui retient l'attention, avec déjà une construction sinueuse et des séquences incongrues, tels ce "clip" du groupe musical Les Brutos (de là date la rencontre de Lelouch avec Aldo Maccione?) puis un micro-trottoir de Jacques Martin à propos des sadiques qui contient son lot de réponses assez lunaires, voire effarantes. Ces coq-à-l'âne, c'est déjà du Lelouch tout craché.

Le titre semble invoquer le désenchantement de l'auteur, qui stigmatise les formes de violence, ou de malice, qui empêchent l'amour, y compris l'amour du prochain. Le cinéaste est un sentimental depuis toujours.

Rarement cité avec la famille de la Nouvelle Vague, Lelouch est toutefois un réalisateur assurément nouveau et novateur dès son premier film.