C'est avec cet "Amour Braque", film qui créa une mini polémique entre détracteurs irrités et fans enthousiastes, que Zulawski, qui était jusque là un metteur en scène plutôt "respecté" du fait de son audace dans la création de mélos torturés, mis réellement au point sa formule de cinéma hystérique qu'il allait ensuite décliner avec une indéniable persistance. "L'Amour Braque" divisa donc la cinéphilie, et même le grand public (car Zulawski fait du cinéma "populaire" avec des "stars") entre ceux qui adorent et ceux qui détestent. J'aimerais me permettre de ne pas vraiment prendre parti, en reconnaissant bien volontiers le côté épuisant de la performance des acteurs, mais en admettant aussi que ce cinéma-là est vraiment singulier, voire même "extra-ordinaire" au juste sens du terme. Nourri de références littéraires, musicales, artistiques, construit avec une maîtrise formelle qui force régulièrement l'admiration du spectateur, allant donc chercher dans la performance extrême du jeu des acteurs une sorte de supplément d'âme au détriment de la vérité (ou plutôt une vérité supérieure), "l'Amour Braque" oscille entre chef d'œuvre de son temps et ratage frustrant. Il est en tout cas hautement recommandé de s'y confronter une fois dans sa vie de cinéphile ! [Critique écrite en 1988]