Après trente ans de pratique, un médecin laisse sa place sur l'ile d'Ouessant au profit d'une jeune femme qui va faire sa place malgré les préjugés des habitants. Elle va faire la rencontre d'un homme, un ingénieur venu travailler de manière temporaire sur l'ile, et il va lui demander de laisser tomber son métier pour qu'ils puissent vivre ensemble.
L'amour d'une femme est le dernier film de Jean Grémillon, qui signera après cela deux courts-métrages avant sa disparition en 1959. Il propose néanmoins le portrait d'une femme moderne, qui travaille, est indépendante, célibataire, et pour qui pratiquer la médecine est sa raison d'être. Et cela, Micheline Presle le joue avec beaucoup de discrétion, à la mesure de l'acceptation des habitants à son encore, car mine de rien, en 1953, les femmes de cet acabit étaient rares. Car son amant, joué par l'italien (très mauvais) Massimo Girotti, représente quant à lui un côté réactionnaire, ne voyant la femme que pour s'occuper d'un foyer, peu importe ce qu'elle pense.
Mais là où je trouve le film parfois touchant, c'est dans le temps qui passe, notamment le personnage joué par Gaby Morlay, une institutrice sur le point de partir à la retraite, et qui voit son départ comme une petite mort, où l'après est vécu comme une angoisse à laquelle elle ne survivra pas longtemps.
Peut-être que L'amour d'une femme aurait mérité d'être un peu plus nuancé, notamment du côté de cet homme raide comme un piquet, sauf dans les dernières secondes où l'histoire basculera en mélodrame. On notera aussi la belle réalisation qui montre l'ile d'Ouessant comme un endroit clos, avec ses codes.
Mais au fond, le film garde toujours quelque chose de contemporain, ce qui le rend intéressant, bien qu'il aurait mérité un peu plus d’ambiguïté.