Après Corps étranger, L'amour des hommes offre un nouvel aspect du cinéma tunisien. Le portrait d'une femme qui s'émancipe et acquiert sa liberté dans un pays plus que jamais dominé par le pouvoir masculin, après une révolution qui n'a pas changé fondamentalement les moeurs. Le sujet évoque le travail d'une photographe qui tente de renverser les enjeux de séduction et d'érotisme avec un certain aplomb. Le scénario n'est pas mal écrit mais il a du mal à rester concentré sur son thème majeur, soucieux de ne pas aller trop loin, et manque singulièrement de fluidité, malgré les bonnes intentions. Indépendamment de la superbe interprétation de Hafsia Herzi, qui rend bien toute la complexité de son personnage, le film n'élève pas suffisamment le débat, en demeurant au niveau d'un cheminement individuel alors qu'il y avait là matière à construire une oeuvre plus politique. On a comme l'impression que Mehdi Ben Attia se trouve un peu gêné par le potentiel de son film et qu'il préfère, à l'inverse d'un Nabil Ayouch dans Much Loved, botter en touche plutôt que d'aller plus loin dans la peinture sociale. L'amour des hommes reste intéressant mais presque indolore.