Margaux, presque quinze ans, s’ennuie sur les rives du Léman. En stage dans un foyer, elle se rapproche de Juliette, fillette esseulée et fugueuse. Leur rencontre avec le marin Joël élargira leur horizon.
L’heure d’été helvétique semble s’être arrêtée pour Margaux. Scolarité à refaire, expérience professionnelle imposée, et situation familiale compliquée. L’adolescente aux joues boudeuses rêve d’ailleurs. Le cinéma du coin n’est qu’une échappatoire illusoire. Comme le lac qui, si magnifique soit-il, n’est pas la mer. La cabane du pêcheur sera son refuge : la possibilité d’une île, la possibilité d’un « il ». Elle se verrait bien plonger avec ce ténébreux dans le Pacifique indonésien. Mais confrontée à la réalité, la blonde sirène retourne à l’eau. C’est dans le regard de Juliette, petite sœur de cœur, qu’elle pourrait grandir.
La Suisse a beau être paisible, son atmosphère mêle de la lourdeur à sa douceur. La saison est agréable, mais l’âge s’avère ingrat, désireux de se projeter dans un monde plus vaste que ce territoire étriqué. Jenna Hasse aborde les errances adolescentes avec sensibilité, poésie, contemplation et lenteur, inspirée par l’œuvre éponyme de Charles-Ferdinand Ramuz : « Comment est-ce qu’on faisait pour vivre ainsi, et pour se contenter de si peu ; comment est-ce qu’on pouvait vivre si petit, quand c’est tellement grand et il y a tant de choses ? ». Précédant ce premier film, le court-métrage En Août de la réalisatrice met en scène la même actrice – Clarisse Moussa – des années auparavant. Un passé qui donne de la profondeur à Margaux, son héroïne, marquée par la séparation de ses parents. Ainsi, Joël et Juliette, également orphelins, deviennent les éléments essentiels et fragiles d’une famille recomposée, laissant les hérons cendrés emporter au loin les âmes mortes.
(6.5/10)
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