Bordélique et inabouti, cet auto-portrait d'une rupture reste original, sincère et drôle.

Romane Bohringer et Philippe Rebbot, ancien couple à la ville, ont une idée pour le moins originale dont la démarche pourrait se rapprocher du « Pardonnez-moi » de Maïwenn pour le côté un peu voyeuriste et autobiographique ou encore du « Ma femme est une actrice » du couple Charlotte Gainsbourg et Yvan Attal en ce qui concerne la mise en scène plus ou moins fantasmée d’un couple d’acteurs réels à l’écran. Mais l’originalité du film ne tient finalement pas dans cette entreprise quelque peu impudique (ils jouent donc leur propre rôle tout comme leurs enfants et leurs parents et ce dans leurs propres résidences) mais dans le sujet véritable du film qui est la séparation vue sous une nouvelle forme. Une rupture (un désamour même), pris sous un prisme inédit et pour le moins étonnant. Une vision qui aurait au final pu se passer de ce côté autoportrait pour devenir une fiction pure et dure. Il y a même fort à parier que « L’Amour flou » y aurait gagné en étant moins hybride et plus drôle encore.


Dans tous les cas, le capital sympathie éprouvé pour ces deux acteurs qui se séparent, mais essayent de le faire bien en innovant sur la forme, est entier. Romane Bohringer, plutôt rare sur les écrans, dévoile un tempérament comique insoupçonné qui donne envie de la côtoyer si elle est vraiment comme ça dans la vraie vie. Quant à Philippe Rebbot et son caractère lunaire couplé à sa dégaine d’adolescent attardé, ils emportent toujours les suffrages. Et tout le film est à l’image de ces deux-là : bourré d’énergie, drôle, agréable et frais. On prend plaisir à passer cette heure et demie avec eux alors que ce n’était pas gagné, tant la première demie-heure rame un peu et qu’on se demande ce qu’ils veulent nous raconter. Et puis il faut avouer que c’est plutôt bordélique, que ce soit sur l’aspect visuel pas très aimable (mais ça colle un peu à l’esprit du projet) que sur le versant narratif qui part un peu dans tous les sens (et c’est encore une fois assez raccord avec la promesse artistique du long-métrage).


On accepte donc assez facilement ce côté rafistolé et fouillis d’autant que lorsque l’idée de l’appartement partagé apparaît, « L’Amour flou » prend véritablement son envol. On sourit régulièrement des facéties de l’un et de l’autre, et c’est même parfois carrément drôle. Il se dégage une bonne humeur générale indéniable de cette espèce de brouillon de film. Il y a un charme qui opère malgré le côté inabouti de l’entreprise. Certaines scènes sont d’ailleurs vraiment cocasses comme celles avec les voisins gays, celle du collègue au Gaviscon ou encore l’arrivée inopinée du père de Rebbot. Des petites séquences qui, mises bout à bout, forment un ensemble sympathique et dégagent un optimisme qui fait du bien par les temps qui courent. Le couple n’en oublie pas de glisser par petites touches ses valeurs et idéaux et, malgré cet aspect quelque peu foutoir, nous laisse sur une impression agréable. Cette nouvelle vision de la fin d’un amour est un peu brinquebalante et pas assez rigoureuse mais tellement pétrie de bonnes intentions qu’on lui pardonne ses nombreux défauts.


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JorikVesperhaven
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le 17 oct. 2018

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Rémy Fiers

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