En voyant ce film, il est difficile de ne pas se sentir révolté, choqué, troublé par le cauchemar que vit cette jeune infirmière, rescapée d'un viol collectif, et également de l'après, qui est proche d'une descente aux enfers.
L'histoire se passe en 1977, sur Grenoble, où une jeune femme, jouée par Nathalie Nell, s'arrête à un tabac avant d'aller diner chez des amis avec son vélo-moteur. Sauf que dans ce café se trouvent quatre jeunes, qui la suivent en camionnette, l'embarquent dans leur fourgon pour la violer à tour de rôle. Le tout dans une mise en scène d'une crudité, qui rend mal à l'aise, ce qui est sans doute le but recherché par Yannick Bellon. Il y a quelque de presque malsain à être le spectateur invisible de cette horreur, où la femme est réduite à un objet.
Il va s'en suivre une longue période où la jeune femme va difficilement s'en remettre, prétextant au départ un accident de vélo-moteur pour justifier ses blessures, mais à l'aide d'une amie, elle va vouloir porter plainte contre ces types, au lieu de rester muette.
Ce qui est au fond le plus intéressant dans le film, qui a par moments un aspect documentaire, c'est la gestion de l'après où, en fin de compte, elle est asse peu soutenue dans sa douleur. Car au fond, c'est la question du qu'en dira-t-on qui reste présente ; son petit ami, sa copine, sa mère, et même une avocate, tous lui disent de ne pas pas porter plainte de peur de révéler des choses trop intimes, qui porteraient surtout atteinte à leurs réputations, et pas à elle. Ce qui est profondément dégueulasse, mais de notoriété publique, il me semble avoir lu que bien des femmes refusaient de porter plainte contre leur agresseur de la crainte du jugement, ce qui rend au fond le film plausible, malheureusement.
Sauf que là, nous sommes en 1977, et le personnage que joue Nathalie Nell aura du courage pour aller jusqu'au bout, mais on voit bien les embûches qu'elle va endurer.
J'avoue que L'amour violé est un film qui m'a bouleversé, avec une actrice vraiment incroyable, portant cette histoire à bout de bras, luttant au fond contre les préjugés, pour gagner au fond une once de respectabilité, alors qu'objectivement, tout le monde la pousserait à aller au bout de son entreprise. Sauf qu'il y a ce fameux qu'en dira-t-on, avec des scènes souvent très fortes, qu'il vaut mieux découvrir, qui donnent au film un sentiment de véracité qui fait froid dans le dos, y compris ce fameux viol.
Quant au reste du casting, on retrouve dans des rôles secondaires Pierre Arditi, ainsi qu'un certain Daniel Auteuil ! Ce dernier joue un des quatre violeurs, et si le film aurait eu plus d'impact, il aurait très bien pu être catalogue en tant que loubard. D'ailleurs, son rôle suivant sera une comédie, Les héros n'ont pas froid aux oreilles...
Je pense que le film aurait été encore plus fort si les acteurs et actrices n'avaient pas tendance à lire leur texte, qui donne un ton parfois monotone, comme en témoigne la scène entre la jeune femme et sa mère, qui s'oppose elle aussi à une action judiciaire. Mais ça reste tout de même très fort, vraiment cru, horrible dans sa conception de la justice, avec une femme qui ne demande au fond qu'une chose, qui a l'air d'embêter les autres ; qu'on lui rende sa dignité.