Dans ce film argentin, le crime a les traits du David de Michelangelo. Baigné dans un océan de couleurs kitschs et de tons pastels, ce criminel aux airs de bambin va mener son bateau où bon lui semble, nous livrant au monde comme si il lui appartenait. Avec son ténébreux partenaire de crime Ramon, ils vont semer un vent de terreur sur Buenos Aires. Ces Bonnie & Clyde à peine sortis de l’enfance brillent par leur complicité tant que par leurs différences; on verra d’ailleurs ce duo s’illuminer dans une scène de cambriolage assez loufoque. La beauté de ce film est irrésistible, que ce soit par les traits de ses acteurs, le travail de génie qu’exécute le chef opérateur Julian Apezteguia ou encore la virtuosité d’une bande originale électrisante. L’insouciance dirige le film dans un trip 70’s et offre à des scènes pourtant violentes une ambiance veloutée. Une douceur qui s’est opérée dans l’évolution tantôt amoureuse tantôt amicale des protagonistes. Le réalisateur apprécie le jeu d’une ambiguité malheureusement de rigueur dans cette période de discrétion pour les homosexuels. Et pourtant, tout au long du film, l’acteur Lorenzo Ferro maniera avec finesse le détachement constant, tant vis à vis de ses crimes que de ce qui le rapproche le plus d’une forme d’émotion. Un jeu maîtrisé à la perfection qu’on peine à distinguer son personnage du véritable Carlos Eduardo Robledo Puch, le tueur en série surnommé « l’ange de la mort ». El Angel vous rappellera donc les beaux souvenirs d’un certain Alex et d’une Orange Mécanique…

annabambiboo
8
Écrit par

Créée

le 5 juin 2018

Critique lue 1.2K fois

9 j'aime

annabambiboo

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

9

D'autres avis sur L'Ange

L'Ange
jaklin
8

L'homme déchu

Un beau film argentin glaçant et très courageux dans son portrait de l’homme décadent. Une sorte de pendant à l’Etranger de Camus, sauf que cette fois le mal est plus profond encore. Enfant gâté...

le 17 août 2020

17 j'aime

13

L'Ange
Dagrey_Le-feu-follet
8

L' Ange, biopic d'un assassin dans l'Argentine des années 70

Buenos Aires, 1971. Carlitos est un adolescent de 17 ans au visage angélique, il croise la route de Ramon. Ensemble ils forment un duo trouble d'escrocs et d'assassins. L'ange est un biopic...

le 14 janv. 2019

16 j'aime

3

L'Ange
Cinephile-doux
7

Le tueur au visage de chérubin

Carlos Eduardo Robledo Puch est l'un des criminels parmi les plus célèbres en Argentine. 11 meurtres à son actif, des vols par effraction, un viol et deux enlèvements : un tableau de "chasse" qui lui...

le 22 janv. 2019

9 j'aime

2

Du même critique

L'Effondrement
annabambiboo
8

C'est la fin

« L’effondrement » fait du bien à l’âme. Cette série nous rassure quant à la faculté des frenchies à réaliser des produits redoutables pour le petit écran. Le pitch est simple : l’effondrement très...

le 10 janv. 2020

4 j'aime

Veronica
annabambiboo
7

Entre ombre et lumière

« Pour la première fois de l’histoire de l’Espagne, un rapport de police révèle la présence d’éléments surnaturels inexpliqués lors d’une enquête. Les agents de police ont affirmé dans un document...

le 31 janv. 2018

3 j'aime

Watchmen
annabambiboo
9

Miroir mon beau miroir

Ils sont de retour ! Mes bien-aimés héros tragiques. Très attendue, cette adaptation du roman graphique créé par Alan Moore et Dave Gibbons fut LA révélation sériephile de l’année. Bien que mon...

le 10 janv. 2020

2 j'aime