C'est à l'occasion de son deuxième film parlant (après neuf muets) que Josef Von Sternberg rencontre Marlène Dietrich, et Der Blaue Engel sera la première des sept collaborations. Ici, il nous emmène dans l'Allemagne du milieu des années 1920 et lui donne le rôle d'une chanteuse de cabaret qui va faire chavirer le cœur d'un enseignant.


Plus de 80 années après sa sortie, Der Blaue Engel, que Pabst voulait d'abord adapter en offrant le rôle principal à Louise Brooks, n'a rien perdu de sa puissance. Von Sternberg nous fait suivre la déchéance de ce professeur célibataire, chahuté et naïf suite à sa rencontre un peu par hasard avec une chanteuse de cabaret. Une déchéance qu'il filme sans concession avec dureté, humiliation et cruauté. Il met en scène le pouvoir, l'attirance et la passion du sexe féminin et instaure peu à peu une atmosphère de plus en plus troublante, dérangeante et dure, tout en faisant preuve de subtilité dans le traitement des thèmes.


Très bien écrit, que ce soit pour les personnages ou l'histoire, Der Blaue Engel brille aussi par sa remarquable mise en scène où l'atmosphère et la puissance du récit prennent de plus en plus d'ampleur. De plus, Von Sternberg nous immerge dans une Allemagne provinciale superbement reconstituée, à l'image des séquences dans le cabaret. Derrière sa caméra, le cinéaste allemand fait preuve d'une belle maîtrise, aucun plan ou mouvement n'est laissé au hasard et son travail sur les ombres et lumières est de grande qualité. Si aujourd'hui, le film est notamment reconnu pour la prestation de Marlene Dietrich (très bonne, sensuelle et fascinante à souhait dans le rôle de Lola, inoubliable avec ses bas, jarretelles et guêpière), Immanuel Rath n'est pas en reste et s'avère brillant dans le rôle de ce professeur qui va tomber dans une spirale auto-destructrice par passion.


C'est une chronique poignante d'une passion qui mène à l'auto-destruction que Josef Von Sternberg met en scène et Der Blaue Engel se révèle totalement maîtrisé derrière et devant la caméra, un film tout simplement passionnant, troublant, cruel et poignant.

Docteur_Jivago
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le 8 août 2018

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