"Falling in love again, never wanted to..."
Un des grands chef d'oeuvres des premières heures du cinéma parlant, L'Ange bleu est aussi une de ces magnifiques descentes aux Enfers qui jalonnent le septième art.
Débutant sur le ton de la comédie et l'opposition entre un Emil Jennings massif, autoritaire en professeur d'une autre époque, et ses éléves, qui semblent avoir 8 ou 25 ans selon les plans (...), avides de chahut, brouhaha et autres moqueries, et surtout tous énamourés de la vedette du cabaret local, le-dit Ange bleu (un nom de cabaret sacrèment canon si on me demande mon avis).
Et cette vedette, c'est Marlene Dietrich. Et d'ailleurs, le film, c'est Marlene Dietrich.
Elle croque tous ses partenaires dans n'importe quelle scène, elle torture le spectateur qui ne sait plus si il doit fixer abusivement ses jambes ou se noyer dans son regard, elle envenime notre professeur, oui elle l'envenime, d'une façon à la fois affreusement malsaine et apocalyptiquement sexy.
La comédie se poursuit encore un peu, mais déjà l'athmosphère se fait plus étrange, des figures tragi-comiques telles un magicien raté ou un clown lugubre font leur apparition ; mais le temps passe. Un peu lentement, Josef, si on peut te reprocher quelque chose c'est bien ça : le tiers du milieu de ton film lui fait un peu traîner la patte. Mais il est essentiel.
Parce que ce temps qui passe, ta dernière demie-heure parfaite en tous points en avait besoin. L'empathie, la folie, le désespoir, tu mélanges tout dans un ultime cri de coq poussé par un Jannings monstrueux ; et ça glisse sans l'atteindre sur Dietrich, diamant trop noir pour être fêlé.
Une dernière scène pleine de cynisme, qui fera des petits pendant au moins 20 ans de films noirs derrière elle.
Le film a un peu vieilli, perdant de son mordant original (c'est la part des anges, loul), mais rassurez-vous les copains, il reste un superbe morceau de Cinéma à se mettre sous la dent !