En 1901, Ferdinand Zecca, cinéaste attitré du studio Pathé, réalisait le premier film social : Histoire d’un crime. Ce drame réaliste rencontra un grand succès auprès du public.
A son tour, Méliès s’essaie au drame social et quitte un instant les féeries et les numéros d’illusion. Il le fait avec Détresse et charité. Pour une fois Méliès n’est pas le personnage principal tout en jouant plusieurs rôles. Ce court-métrage raconte l’histoire d’une jeune fille vivant dans la misère. Alors que sa mère est malade, son père l’envoie mendier. Elle sort en haillon dans le froid et la neige. Méliès a utilisé de la neige artificielle pour les scènes à l’extérieur. Le rendu est réussi. Rejetée par les mendiants officiels qui se tiennent devant la sortie de l’église, la jeune fille finit par s’effondrer dans le froid sur la route. A partir de ce moment deux versions existent. En effet ce film a pour particularité, à l’époque, de connaître une version française intitulée : Détresse et charité et une version destinée aux britanniques et aux américains intitulée : The Christmas Angel.
Dans la version française, la jeune fille meurt de froid et son âme est emportée au ciel par l’ange de Noël.
Dans la seconde version, elle est sauvée par un couple de gens riches qui la ramènent chez elle en voiture et apportent avec eux nourriture, cadeaux et argent. Cette arrivée dans la mansarde misérable est précédée d’une apparition d’un ange aux parents, annonçant la fin de leur malheur.
Ces deux fins diamétralement opposées témoignent d’une sensibilité différente du public. Les anglophones préférant déjà, au tournant du siècle, un happy-end.
C’est cette deuxième version qui est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=Q4o7-UNLIjc
Pour découvrir d'autres films de Georges Méliès, voir ma liste : https://www.senscritique.com/liste/GEORGES_MELIES/3186704