Une flopée de notes dithyrambiques et son cortège de critiques laudatives donnait furieusement envie de découvrir cette chose... Aussi, lorsque Gizmo et Mothershaiev me proposent de foncer à la maison du Japon pour une séance, je n'ai pas hésité bien longtemps...

L'histoire aurait du être passionnante : les pérégrinations d'une jolie infirmière Japonaise envoyée en Chine pendant la seconde guerre mondiale, moi, ça m'intéresse d'emblée. Le film n'est pas trop mal construit, avec ces aller-retour entre le front et la base arrière jusqu'au village avancé final et la rencontre directe avec la guerre.

Avec ça, une image soignée, de jolis cadrages, une belle réalisation et une musique agréable, rien à redire.

L'aspect un peu cru des mutilations ne me gêne pas particulièrement, c'était même assez drôle de voir sur ma gauche trois personnes qui se cachaient les yeux en même temps à chaque passage de moignon... Et quand on sait la capacité de résistance de Pruneau pour la chose, j'avoue m'être bien amusé...

Non, en fait, le problème est dans ce que, derrière ce décor intéressant, raconte réellement le film. Je n'ai rien contre un petit esprit de sacrifice de temps en temps, et cette infirmière qui donne un coup de main littéral à un porcin frustré sans bras pourrait avoir ma compassion si on savait garder la mesure... Mais bon, franchement, qu'elle soit prête à se donner à un médecin pour qu'il sauve la vie du salopard qui l'a violé ignominieusement le mois d'avant, c'est ridicule, qu'elle ait des remords pour des morts qui ne la regardent pas aussi, on peut avoir l'âme généreuse sans être une folle finie, et le pire est encore dans l'abominable histoire d'amour entre elle et le vieux chirurgien qui lui rappelle son père (sic)...
Un océan de dialogues répétitifs et sirupeux à base de romance adolescente viendra vous apprendre subtilement ce qu'est la virilité, la vraie et à quoi sert une femme... et ce n'est pas l'ambiance à la fois porno-chic et pudibonde qui entoure le tout qui va aider à faire passer la pilule entre deux bâillements...

On va dire que, à l'instar de certains films douteux du bon Lars von Trier, le don de soi poussé à l'extrême ne me parait intéressant que si c'est intelligemment justifié (par exemple, je peux vous renvoyer à Frontière chinoise, pour rester dans une géographie proche) et pas péniblement gratuit.

Au final, pas grand chose ne reste d'un film qui ne m'aura décidément pas marqué, la faute à une lourdeur impardonnable dans le traitement d'un sujet déjà pas finaud, et le sentiment qu'on a gâché beaucoup de talents pour pas grand chose...

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le 6 mai 2012

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Torpenn

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