L'anglaise et le duc est un film très important dans le cinéma français parce qu'il est l'un des premiers à avoir été tourné en numérique, mais également avec un tournage en grande majorité avec des fonds verts. Eric Rohmer a demandé à un peintre de dessiner des décors comme on le voit justement dans des peintures de l'époque, et ceux-ci sont incrustés ensuite de manière numérique à ce qu'on voit dans le film, de sorte qu'on croit que les personnages évoluent dans des tableaux. L'effet est en soi prodigieux, et constitue un contrepied formidable aux films d'époque qui s'évertuent à la reconstitution. Là, on y est si je suis puis dire.
Pour le film en lui-même, il raconte la confrontation d'opinions entre une jeune aristocrate anglaise, incarnée par Lucy Russell, et son ex-amant, le duc d'Orléans, Jean-Claude Dreyfus, quant au sort de Louis XVI durant la Révolution française. Loin du style compassé auquel on pourrait s'attendre dans un tel film d'époque, Eric Rohmer a tenu à faire parler les personnages dans le français de l'époque, et il faut dire que ça passe très bien, y compris pour Lucy Russell pour qui ça n'est pas sa langue naturelle. Après, j'ai des réserves sur l'image, que je trouve assez moche et typique des premiers films tournés en numérique, mais il s'agit avant tout d'essuyer les plâtres et ça reste assez passionnant, parfois difficile d'accès, mais d'une telle beauté concernant les avant-plans que je m'y suis plongé comme si j'étais durant la Révolution française.