tango à Tokyo
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J'avais hésité à de nombreuses reprises avant de lancer ce film tant son pitch me semblait déprimant comme tout, alors que c'est tout le contraire. Après avoir suivi un homme ayant assassiné sa femme lors d'une séquence digne d'un film d'exploitation, on revient d'une façon surprenante à une ambiance bien plus calme et zen, voire optimiste, du moins durant une bonne heure, où jamais on n'interroge réellement son passé (d'autant plus qu'il n'a pas de remords), ce qui offre les meilleurs passages à mon goût, presque malsains lorsqu'on se rapporte à ce qu'il s'est passé. Et c'est ce qui va faire toute la force de ce qui va suivre, car après avoir posé un cadre rempli de personnages folkloriques et attachants ainsi qu'un rythme apaisant d'arrière-pays, on comprend à mi-parcours qu'on ne tombera pas dans l'acceptation de soi et la rédemption faciles, avec d'une part la réapparition d'un codétenu qui a mal tourné alors qu'il parait avoir tout fait comme il fallait (contrairement à l'autre), et d'autre part la présence d'un mari qui va essayer de profiter de manière abusive de sa femme qui s'était pour le coup invitée chez l'ex-meurtrier malgré les réticences de ce dernier en raison de son passé encore trop présent.
La finalité se révèle en filigrane, le protagoniste étant quasi mutique, parlant essentiellement à une anguille qu'il a adopté en prison, ce qui se marrie bien avec le cadre souvent insolite du film, mais va se revêtir également d'un sens symbolique finement posé sur le désir et le lien ténu qu'il garde avec la réalité, préférant l'étrange présence de ce poisson à celle des humains. Le casting est très bien aussi, sobre et juste, à l'image de la réalisation, hormis une scène de confrontation entre presque tous les personnages du film frisant l'hystérie, mais au fond très drôle dans la manière dont elle se déroule et se résout.
Je découvre Shōhei Imamura avec ce film et il m'a vraiment bluffé dans sa façon de mettre en oeuvre cette histoire de la seconde chance qui se présente aux deux protagonistes, avec un drôle d'équilibre entre réalisme et surréalisme, et sans jamais vraiment considérer le sentiment de culpabilité comme un passage obligé ou central, car au fond ce qui semble compter ici c'est d'assumer leur nature et de grandir en conséquence avec les responsabilités qui vont de paire. Bref, un drôle de film rafraîchissant et bienveillant sur des thématiques qui auraient pu connaître une tournure bien plus moralisatrice et qui finalement portent sur l'humain avant tout avec un regard mature, mais en même temps léger et libérateur dans la manière dont c'est traité.
Créée
le 12 avr. 2017
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