C'est l'histoire d'une histoire qui s'est peut-être passée...
L'Année dernière à Marienbad est un film spécial, dans le sens où rarement un film n'aura été si désorientant, si perturbé, et cependant si beau. Bon, ça parle d'oubli, ça parle de rencontre, de souvenirs, dans un château, dans le jardin, et c'est simplement inoubliable.
Les travellings se succèdent, avançant dans les couloirs du château comme le temps trace, nonchalant, sa ligne, fuyante et insaisissable. La caméra, lorsqu'on s'y attend le moins virevolte et prend la tangente, comme si le temps lui-même se distordait dans un souffle immatériel. Au fond, c'est tout le propos du film : on est certes incapable de cerner le vrai du faux - se sont-ils vraiment rencontrés l'année dernière à Marienbad ? - mais le problème ne réside pas là. Ce n'est qu'un leurre tenace, c'est la surface des choses. Les souvenirs ce sont des images fugaces, les bons souvenirs de jolies images. Qu'ils se soient côtoyés ou non, parlés ou non, quelle importance ?
Quand on essaie de se souvenir de L'Année dernière à Marienbad, il est possible qu'on soit incapable de tout resituer, mais il est probable que de jolies images ressurgissent dans notre tête, tournant en boucle, avançant, reculant. On se souvient alors de la beauté du film. On se souvient l'avoir vu.