Le rouge et le noich *

Deux monuments.
Le flic le plus décoré de New York, un vétéran du Nam, taureau polonais au nom altéré afin de mieux s'intégrer dans cette Amérique corrompue. Un Mickey Rourke charismatique et (encore) beau comme un Bruce Willis mais avec des cheveux, prêt à en découdre avec les Triades. Raging Bull.
Le jeune arriviste, nouveau parrain d'une mafia chinoise au sein de Chinatown. Des dents longues à rayer le parquet, une ambition qui le pousse à tous les excès. Un John Lone pas rangé, arriviste, très classieux en toutes circonstances, le parfait antagoniste prêt à faire couler le sang. Mean Streets.

Tous deux usent de moyens extrêmes pour parvenir à leurs fins. Un jeu du chat et de la souris s'initie, escalade de violence à la clé. Tous deux ont fort à faire dans cette société où le rêve américain est une chimère pour tout individu issu de l'immigration. Tous deux se livreront une lutte sans merci, se rendront coup pour coup. Loup de Wok Street contre Gangs of New York.
Cimino filme le mouvement et la foule avec un talent rare. Univers coloré et folklorique, montage nerveux, 2h14 durant, il nous offre de magnifiques plans sur un plateau (de tournage). A partir d'un scénario coécrit avec Oliver Stone, il prend le temps de poser son récit, n'épargnant personne, au sens propre comme au sens figuré.

Le spectacle est donc total, "Year of the Dragon" constitue un film noir réussi du début à la fin, malgré un échec commercial et une sortie en salles émaillée de polémiques. Pourtant dans cette histoire, nul n'est parfait, et surtout pas ce flic arrogant, raciste et pourtant si humain/attachant campé par un Rourke plus crédible que jamais. Face à lui, un adversaire impitoyable, pour qui tous les moyens sont bons afin d'étendre ses activités illégales.
Et au milieu, une Caroline Kava touchante, et une Ariane Koizumi belle à défaut d'être toujours juste dans son jeu. Toujours sous l'oeil de Stanley, lubrique.

Pied de nez visionnaire aux couacs récents d'une certaine société de transport ferroviaire française ou véritable trait d'ironie de la part du réalisateur que de conclure son face à face sur des rails lorsqu'on s'appelle Cimino, sans doute un peu des deux, allez savoir. Sur cette double affirmation je vous laisse, libres à vous biensûr, d'estimer que je déraille totalement, c'est toujours plus simple de se dire qu'en échange d'un billet, le con parti ment.

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Rouge_de_Pologne
http://fr.wiktionary.org/wiki/noich