Dernier volet de la "Trilogie de l'Apocalypse" by Carpenter, "l'Antre de la folie" reprend nombre d'ingrédients des deux films précédents. Au programme de cette enquête mâtinée de thriller et d'épouvante, un expert en fraudes est envoyé à la recherche de Sutter Cane, écrivain à succès mystérieusement disparu à la veille de la sortie de son dernier livre, intitulé, vous ne devinerez jamais... "In the Mouth of Madness" ! Et non je calme tout de suite vos ardeurs, il ne s’agit pas d’un pseudonyme de Marc Lévy, j’en voyais déjà exulter parmi vous !
Sam Neill campe magnifiquement John Trent, et le fait évoluer, lui qui paraît si sûr de lui au début de l'aventure. Qu'en est-il donc au clap de fin ?
Julie Carmen interprète Linda Styles, éditrice du prospère Sutter Cane, qu'elle rêve sans doute secrètement de biser.
Jurgen en trouble-fête, en ces temps de happy-end cinématographique pour tous, il tentera de déjouer les Prochnowstics (allez on garde)
Cerise sur le gâteau, Charlton Heston himself sera de la partie. Prendra-t-il la clé des champs face à tant d'atrocités ? Quoiqu'il en soit, le Ben Hur est dans le pré !
Au niveau des inspirations et du récit, on pense immanquablement à Lovecraft et à King (coucou la petite carte avec comme Etat voisin à celui où se déroulera l'enquête, le Maine). Pas à Agatha Christie cette fois (je fais souvent le rapprochement entre l'auteur et Carpenter vu leur goût commun pour l'exercice du huis-clos). Car de lieu en lieu, à l'heure où l'humanité a rendez-vous avec la mort, et malgré un titre aussi évocateur que "In the Mouth of Darkness", il échappe justement à la morsure le Neill. La mystérieuse affaire de Styles l'emmènera jusqu'à Hobb's End, scène de crimes où on l'oriente exprès...
Passée l'excellente introduction où chaque composante de l'intrigue est présentée et habilement mise en place ("asile, détective privé"), Carpenter veut nous montrer la fin du monde sans céder au low cost. On ne verra pas pour autant pléthore de monstres en entier, cette fois-ci, le géniteur de "The Thing" suggère plus qu'à l'accoutumée, et le résultat vaut bien souvent son pesant de sursauts et de malaise. Parsemée de dialogues finement écrits, l'oeuvre de Big John regorge de pépites et autres joutes verbales que je préfère vous laisser le plaisir de découvrir par vous-mêmes.
Grâce à une mise en scène sombre et plutôt sobre dans l’ensemble, à des paysages et décors inquiétants, ainsi qu'à une bande son diablement efficace (à commencer par la très seventies "We've only just begun", coécrite par un certain Paul Williams, et ponctuant une chouette séquence), le réalisateur nous emmène au coeur des ténèbres, entre cauchemar et réalité, entre hystérie collective et raison. Doté d'un scénario en béton armé, magistrale mise en abîme jusqu'à un final renversant, et d'une durée propice à un enchaînement dynamique des évènements, "In the Mouth of Madness" nous embarque au paradis cinématographique sans enfer des tonnes.
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