Le parcours de John Carpenter a souvent chaotique, souvent boudé par le public et la critique il a depuis longtemps été réhabilité et est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands réalisateurs de films de genre de l'histoire du cinéma. L'Antre de la folie peut se voir à la fois comme un chef-d'œuvre de l'horreur largement inspiré par le romancier Stephen King mais aussi comme l'ultime lettre d'amour envoyée par le réalisateur à tous les fans du cinéma de genre avant que ce dernier ne rende définitivement son tablier pour finir sa carrière en roue libre et sans le feu qui l'animait jusqu'à lors. L'Antre de la folie est plus qu'un film pour moi, il peut se percevoir comme une mise en abime de la littérature et du cinéma d'épouvante, il invite le spectateur à s'interroger sur le pouvoir de l'imagination et de l'impact qu'il peut avoir sur l'âme humaine, comme une catharsis de la terreur que tout homme récent devant l'inéluctabilité de l'inconnu qui entoure son existence. Big John prend un malin plaisir à utiliser toutes les figures de style de son cinéma pour balader le spectateur dans un labyrinthe véritablement kafkaïen. Il n'y a rien a jeter dans ce film, que ce soit la mise en scène parfaitement calibrée pour accompagner un récit complexe que n'aurait pas renié David Lynch, les acteurs sont irréprochables et Sam Neil incarne magistralement un anti-héros aux prises avec le destin, la musique renforce également l'immersion en accompagnant le récit sans jamais faiblir et les effets spéciaux ne sont pas en reste donnant de la chair au monde de Sutter Cane. L'Antre de la folie est un peu la dernière pierre à l'édifice d'un grand cinéaste qui a su marquer le cinéma de genre comme personne d'autre tout en gardant une grande indépendance vis-à-vis de l'industrie hollywoodienne obnubilée par le prêt-à-consommer. Chapeau bas l'artiste.