Suggérant l’indescriptible, l’innommable, l’effrayant, Carpenter met en abîme nos peurs primitives. Psychose ou éternel retour du même ?
J’ai particulièrement aimé la manière dont Carpenter fait ressentir, fait monter le malaise, puis en quittant la dimension rationnelle vers l’irrationnel, l’inquiétante étrangeté de plus en plus menaçante, en déplaçant et brouillant les frontières du réel et de la fiction nous amène vers les peurs les plus profondes, les plus enracinées…peuplées des monstres de l’inconscient , des cauchemars qui se matérialisent et prennent dans le film une réalité . Des peurs dites « agonies primitives » en psychanalyse car elles relèvent de l’innommable, de l’indescriptible, de l’inconcevable, en quelque sorte des angoisses de fin du monde intérieur. Il m’a procuré cette peur qui touche à la peur de perdre son sentiment d’ identité, son rapport au réel, à l’intégrité de ses propres frontières. Je trouve que Carpenter a représenté en images ce que peuvent être certaines angoisses psychotiques qui ne connaissent ni la temporalité, ni la logique, et qui menacent d’anéantir l’être (même si ce n’était pas l’objet du film) .L'Antre de la Folie est assez perturbant à défaut d’être horrifique (sans doute par le biais de cette immersion dans le cauchemar éveillé, où l’imagination met en forme des visions plus horribles que la réalité) Quant à la fin du film , est- ce « retour du même » qui fait qu’il n’existe aucune issue? La référence à Lovecraft est suggérée dans ce récit qui joue sur la réalité ou non des faits, se retrouve dans ces scènes qui créent un sentiment d’indicible, de frayeur indescriptible impossible à saisir, mais pourtant là, présente à travers ces monstres prêts à se réveiller et le chaos quasi apocalyptique qui va contaminer la réalité.