"L'Antre de la Folie" permet à John Carpenter de traiter avec son habituelle maestria, et un budget plus conséquent que pour ses films ultérieurs, le thème pour le moins ambitieux de la contamination de la réalité par l'imaginaire : si un pourcentage suffisant de la population croit à quelque chose, cette chose ne devient-elle pas "vraie" ? A partir du postulat qui ferait de Lovecraft un auteur aussi mondialement populaire que Stephen King, Carpenter se livre donc à une débauche pas toujours contrôlée de scènes horrifiques ou effrayantes (en particulier au cours de la partie centrale, sur la ville de Hobb's End) qui finissent par détourner l'attention du spectateur du véritable sujet du film, et clouent le film au sol. On préfèrera le vertige intellectuel que procurent les basculements sidérants entre les "différentes réalités", et, bien entendu, la lecture très fidèle et respectueuse de l'horreur lovecraftienne, forcément indicible et donc in-montrable. [Critique écrite en 2007]