L'Antre de la folie par Elouan
Selon toutes les apparences, L’Antre de la folie est un film d’angoisse et d’horreurs. Entrez de force dans l’univers d’un écrivain, et devenez complètement fous, et violent. Un peu comme si vous aviez fait votre cuite au Korova Milk Bar avec de l’Adrénochrome. C’est malsain à souhait, par contre, ça ne fait pas peur du tout. (ça ne m’a pas fait peur du tout, disons) c’est même un peu drôle au début. En fait, on est forcés de voir la visée du film autre part.
Le film foisonne de clichés, et c’est exprès. Toutes sortes de clichés du film d’horreur, du film policier, des clichés sociaux, des clichés liés à l’univers littéraire… il me semble que John Carpenter sert ces clichés pour les moquer. Réussir le tour de force de le caricaturer, de ridiculiser ce qui est déjà ridicule en soi. Le détective est un gros beauf’ accaparé par une rationalité plus prémachée que réfléchie, l’éditrice est une « littéraire » un peu idiote et fatale. Quant à l’écrivain : il a un succès monstrueux. Un succès qui dépasse celui de Stephen King, et puis, tout simplement celui de la bible. Mais globalement, l’écrivain est aussi une caricature du charlatan littéraire, au regard mi-mystérieux, mi-fou, mi séducteur. Tous ses éléments réunis forment un beau tableau, de sorte qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’un navet ; mais ce serait se tromper lourdement. Ce n’est pas tellement pour rigoler, ni seulement pour moquer les clichés et encore moins pour vendre qu’ils foisonnent : le film porte une critique de plus faits de société/historiques.
L’aliénation à une croyance (dans le film on croit à la réalité que l’écrivain a construite dans sa fiction) sert de critique virulente à la ferveur religieuse, quand elle ne sait plus sortir de son dogme, ou pire, qu’elle se transforme en folie meurtrière. Et Carpenter de faire penser que la « réalité » n’est faites que de ce que l’on croit, avec plus ou moins de rationalité, avec plus ou moins de sens critique (bon personne n’en aura fait preuve dans ce film.) En fait, de notre propre subjection. Et il y a bien entendu une différence entre ce qui la neutralise et la détruit qu’avec celle qui est pensée de manière autonome, avec ou sans croyance.
Peut-être que le film aurait pu aller plus loin au niveau de la réflexion, mais c’est un début intéressant. Reste que la dynamique de ce film s’essouffle très vite, l’ennui remplace l’envie de rire et de profiter d’aller beaucoup plus loin dans l’analyse. J’ai eu l’impression que c’était surfait, en fait, pas tant que ça, c’est juste que le scénario tourne en rond et que les mêmes éléments visuels s’accumulent sans vraiment d’inventivité.
Malgré tout, je pense que c’est un film qui se regarde.
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