" Si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit"
Oui je lui mets 10 même si ce n'est pas la note que je veux lui mettre. Parce que ce n'est pas un film que l'on peut noter. Mais je sais que je mets 10 à une oeuvre que je considère parfaite par ce qu'elle procure en moi et aujourd'hui ça fait presque un an que je l'ai vu et il me hante toujours. Il traine toujours dans ma tête, insatisfaite de ce que j'avais d'abord écrit dessus, je crois que j'ai oublié la première chose à dire: ce film est lent, beau, contemplatif, sensuel. Mais surtout il est porté par les plus merveilleuses actrices qui puissent l'être. Bonello porte un regard d'homme sur ces femmes et il le fait aussi bien qu'un Almodovar le ferait mais dans un registre différent.
Tout respire dans cet étouffement, la scène au bord de l'eau est un moment de beauté immense à elle toute seule. La libération. Les décors sont vraiment magnifiques. Et puis, il y a cette scène, traumatisante, qu'on ne regarde que les yeux fermés, d'une femme défigurée. Du rêve à la réalité.
On pourrait presque dire, encore (comme pour "Nobody knows") que ce film est une expérience à vivre au moins une fois. Un moment totalement suspendu, aussi dur que beau à voir. Un moment à savourer dans la langueur et le faste (illusoire) d'une maison close tenue par la superbe Noemie Liovsky et où se dessine le visage de la prostitution à tous les âges, dont l'âge moderne sous les traits d'une Céline Sallette envoûtante au possible.
Reste que ce film n'est pas à mettre devant tous les yeux, car il y a des beautés qui ne sont pas contemplables par tous et il pourra c'est certain en rebuter plus d'un. C'est un bijou précieux qu'on savoure quand on est amoureux-se des actrices et de ce qu'elles font au cinéma. Celles de ce film sont la relève du cinéma français, entières, ravissantes et totalement impliquées, elles éclairent plus que la nuit, elles illuminent le film de bout en bout. Qu'importe ses défauts et ses longueurs, c'est un film qui reste là, au fond des yeux, pour longtemps...