Bertrand Bonello nous ouvre les portes d'un monde disparu mais en même temps plus présent que jamais mais sous une forme légèrement différente. Il nous montre sans jamais juger le quotidien de poupées vivantes au service du plaisir masculin, sans pathos ni message politique, il nous fait partager leurs cauchemars, leurs peines tout autant que ces moments de joix fugaces. Alors que l'on redoutait un exercice lourd et plombant, il parvient par instants à atteindre la grâce, le sublime, suspendant l'espace et le temps. Aussi poétique qu'il peut-être âpre et tendu, incroyablement moderne et empreint d'un onirisme magnifique, "L'apollonide" est un superbe témoignage hanté par des muses toutes plus belles les unes que les autres, émouvantes, incarnées corps et âmes par des comédiennes d'une implication exemplaire. On regrettera juste un épilogue contemporain totalement inutile et stérile.