"Tu vas terminer dans un bordel à Marseille !"
Ca, c’est de la menace !
Attribuer une note à ce film m’est bien difficile. D’un point de vue technique je n’ai rien à redire mais malheureusement, il m’est arrivé de m’ennuyer et de jeter de temps à autre un coup d’œil par la fenêtre à la tempête tropicale qui s'abattait en territoire Picard.
Bon revenons-en au film. Le réalisateur réussit quelque chose d’assez fort en provoquant le dégoût et le rejet pour l’univers de la maison close sans pour autant montrer trop ce qu’il se passe dans les chambres. On est notamment dégoutés par les sourires qui viennent des deux côtés : de l’un, des sourires forcés, de circonstance et de l’autre, des sourires intéressés, malsains.
Bertrand Bonello dépeint un portrait répugnant du client. En effet, de tous âges, du jeune puceau intimidé au sexagénaire riche et baladant sa panthère en laisse, celui-ci est le plus souvent représenté comme un prédateur pourvu de peu de convictions. On ne peut que détester ces hommes qui font perdurer la situation dans laquelle se sont enfermées les femmes de joie.
C’est bel et bien cette situation d’enfermement qui met le plus mal à l’aise, les femmes sont contraintes de rester dans le bordel pour rembourser leurs dettes qu’elles ont justement contracté en s’engageant dans le dit bordel. On se sent oppressé dans ce lieu de débauche et d’exploitation du corps dans lequel la caméra va rester pendant quasiment tout le film sans jamais montrer la liberté qui se trouve au-delà des murs de la maison.
Pour finir, la beauté des actrices languies et s'alanguissant toujours plus, affalées dans de fastueux sofas et la qualité de leur jeu sont indéniables. Les costumes collent très bien au décor sur une BO très agréable. On s’attache finalement aux personnages jusqu’à ressentir de la compassion dans les épreuves qu’ils traversent : la maladie, la prise de conscience du caractère éphémère de la jeunesse avec la diligente arrivée des rides et la mort.
J'hésite à mettre 7/10...