Abandonner l’héroïne pour la cocaïne, c’est sans doute un peu mieux mais au final on reste un toxico

Ah, tiens, je vais profiter de ce film assez confidentiel – 2 critiques sur SC – pour deviser un peu autour des religions, d’histoire, de politique, de Dieu, de l’Univers… Sujets sensibles, mais peu de chance d’être lu, et tant mieux, je ne suis pas le plus courageux du monde. J’écris d’ailleurs sur SC comme on suivrait une thérapie : prouve que tu n’es pas Asperger ! Prouve que tu peux accepter les pouces en bas et, pire, les critiques non lues alors qu’elles t’ont demandé des heures de travail et des multiples retouches (là, j’exagère un peu, j’écris vite et mal, mais celle ci-dessous, c’est vrai que j’ai un peu galéré pour arriver au bout).


Suis un athée zen, qui n'a rien contre les religions tant qu'elles ne viennent pas m'emmerder et me dicter ce que je dois penser... Mon respect pour elles est donc inversement proportionnel à leur degré de prosélytisme et d’intervention dans la sphère publique. Zen, j’aimerais bien le rester. Athée je ne reviendrai jamais dessus, sauf preuve scientifique du contraire, ou à la rigueur si la Vierge Marie me contacte directement – auquel cas d’ailleurs j’irais passer illico une IRM et test toxicologique avant de poser ma candidature en béatification auprès du Saint-Siège.


Or, faut quand même avouer que la question religieuse devient franchement pesante pour nous autres pauvres égarés, effrayés par l’immensité cosmique et la mort éternelle qui nous attend tous, paniqués comme tout un chacun devant la grande faucheuse et le non-sens de la vie, mais absolument convaincus que les histoires d’un vieux barbu qui créé le monde en 6 jours, d’un crypto-rabbin qui marche sur l’eau, d’un bédouin qui s’envole vers le ciel sur un âne ailé à tête humaine, ou d’une théière qui tourne entre Mars et la Terre, euh…bah….


Ouais, bof. Pas très Hygiène Mentale ou Science Etonnante compatibles avouez.


Encore moins après avoir vu cette vidéo qui fait un peu flipper mais qui a le mérite de ramener toutes ces mythologies à leur juste proportion humaine : https://www.youtube.com/watch?v=uD4izuDMUQA
(si vous êtes sujet aux crises d’angoisses métaphysiques encore plus souvent que Woody Allen, je ne vous conseille pas forcément de regarder)


Je n'aurais donc pas dû m'intéresser à ce film, sauf que j'en ai un peu marre des Jean-Jacques Thomasset d'aujourd'hui . Qui c'est celui-là ?
Jean-Jacques Thomasset était un type étrange, qui avait fini par se persuader que la Bourgogne était une terre allemande, sans doute parce que la France en 1940 était au plus bas et qu’elle n’avait plus rien à offrir aux esprits les plus faibles épris de souffle épique et cherchant à se fondre dans un collectif. Enfin si d’ailleurs, la Résistance et les FFL en termes de souffle épique ça devait pourtant envoyer du bois, mais pour cela il fallait avoir du cœur et de l’acier à la place de l’estomac .


Plus rigolo si j’ose dire, quoi que logique finalement, Thomasset avant d’être nazi était un autonomiste bourguignon nostalgique de Charles Le Téméraire.
Sachant que la Bourgogne vient embrasser l’Ile de France, on aurait pu, si Charles Le Téméraire avait terrassé Louis XI, se retrouver avec une frontière franco-allemande qui passerait à Meaux, et on dirait Dieses Brie schmekt gut sur les marchés de Seine et Marne (qui ne s’appellerait pas Seine et Marne, mais essayons d’avancer).


Car oui, la Bourgogne ce n’est pas que le pinard, la moutarde, des escargots et Guy Roux, c’était aussi des autonomistes. Copains comme cochons avec les autonomistes Flamands et les autonomistes Alsaciens, et même, il faut bien le reconnaitre, copains avec des autonomistes bretons. Devinez dans quel camp tout ce beau monde s’est retrouvé quand l’Allemagne a piqué son dernier coup de calgon militaire. Sauf les Bretons (hein ? non ? des Bretons aussi en fait ? Ah merde)
Oui c’est minable comme réaction. La France c’est ton père, c’est ta mère, elle te casse souvent les burnes mais c’est ta famille, et c’est surtout lorsqu’elle va mal qu’elle a besoin de toi - c’est beau comme du Kennedy.


Heureusement, Thomasset est pratiquement tombé dans les oubliettes de l’histoire, au contraire du serment de Koufa. Il y a parfois une justice. Pourquoi donc diable le ressortir de sa poubelle ?


Parce que les Jean-Jacques Thomasset d’aujourd’hui sont dans les quartiers. Ils trouvent cool la solidarité communautaire et l’esprit de groupe, ils se cherchent un destin, un sens à la vie. Donc fatalement ces petits blancs (ou pas) faibles d'esprit se convertissent à l'islam, comme d’autres essayaient de se convaincre que la Bourgogne en d’autres temps était un terroir allemand. Et non seulement ils se convertissent pour être dans une certaine norme sociale mais surtout ils tiennent la plupart du temps à le faire savoir haut et fort. Trop cool ton instagram à La Mecque, mec. Pendant ce temps-là, ça apostasie en masse (mais en secret) dans le monde arabo-musulman, mais essayons d’avancer, on n’est pas rendus.


"Attends, si tu fais l’analogie convertis à l’islam =Thomasset = collabo, ça veut dire que tu compares l’islam au nazisme ? Mais c’est ignoble !
- Mais non, ce n’est pas cela qui m’intéresse, même si effectivement je considère que l’islam politique, même non terroriste, est un représentant du mal radical, comme il y en a eu d’autres dans la passé. Non, ce qui m’intéresse, c’est la démarche de Thomasset : comment et par quel cheminement on se déteste d’abord, puis on se convainc d’abandonner une part de soi et d’adopter une identité fantasmée ? La Bourgogne terre allemande, m’enfin quoi… Nicolas descendant de paysans auvergnats qui devient Abou machintruc, c’est le même trip : pourquoi ? Etudier le syndrome de l’herbe qui est plus verte ailleurs en somme, le besoin grégaire d’appartenir un groupe.
- Mais attends, le film parle au contraire d’un musulman qui se convertit au christianisme, c’est donc lui que t’assimiles à un collabo ? Bon, c’est moins grave parce que ce n’est pas islamophobe, donc l’UNEF viendra pas te chercher querelle, mais c’est limite quand même.
- Raah, toi quand tu ne veux pas comprendre."


Et c’est là que nous en revenons au film, essayons d’avancer, on est bientôt rendus.


Alors, je me suis dit, tiens, ras-le-bol de tous ses moutons qui adoptent la religion du quartier, allons voir dans l'autre sens comment cela se passe pour changer. On va enfin parler du film, incroyable.


Bon, l'Apôtre, récupéré par la fachosphère, les catholiques et les nostalgiques de la IIIe République fans de Finkielkraut - ça en fait du monde, et pas toujours très fréquentable - est évidemment un champ de mines dans lequel on avance avec moult réserves et précautions.
Evacuons d'emblée la question de forme, elle a peu d'importance : ce n'est pas toujours très bien filmé. Enfin surtout le début d'ailleurs, assez horripilant avec ces personnages qui parlent tous en même temps. Mais très vite la réalisatrice se calme, et on oublie complètement la caméra pour plonger dans cette histoire à la fois personnelle et emblématique.


Alors oui, le Christianisme est présenté sous un jour globalement plus favorable que l'Islam. Disons qu'il est présenté comme une religion plus tolérante, ce qui du reste est difficilement contestable de nos jours ; et même si cela n'a pas été toujours le cas par le passé – et encore, on parle ici du catholicisme en France, parce que les évangélistes américains, je ne leur donnerai pas un brevet de tolérance a priori.

Quoi qu'en pensent les détracteurs qui ne l'ont sans doute même pas regardé, l'Apôtre n'est pas un portrait à charge contre l'Islam. Si des barbus intolérants sont montrés, d'autres personnages sont très respectables : les parents, l'imam et même le frère violent... La douleur de ce personnage face à la conversion de son frère qu'il ressent comme un choc traumatique mais qu'il saura surmonter par amour fraternel est même je pense l'aspect le plus intéressant et le plus émouvant du film. Sérieusement, j'éprouvais une vraie compassion pour le frangin qui tombe dans le désarroi face au choix de son aîné, c'est vraiment bien rendu cette partie, grâce d'ailleurs aux deux acteurs masculins, excellents.
Voilà. Donc si Cheyenne Caron a choisi son camp, elle ne ferme pas la porte à l'autre et finalement ne réclame que le droit au libre arbitre - qui n'existe pas comme dirait Schopenhauer, mais là on part vraiment trop loin - et veut même croire à la coexistence pacifique entre les deux religions.


Franchement, on a largement vu plus facho comme vision du monde (ne serait-ce que American Sniper, tiens, exemple au hasard qui me vient en tête...Et me lancez pas sur 300 svp).


Cela dit… Aux musulmans – apparemment de plus en plus nombreux dans les pays où l’islam est majoritaire - qui voudraient sortir de leur religion, un poil excitée et parano en ce moment il est vrai, je ne saurai trop leur conseiller de ne pas troquer un monothéisme rigide contre un autre monothéisme, fût-il plus calme et ouvert d’esprit. Abandonner l’héroïne pour la cocaïne, c’est sans doute un peu mieux mais au final on reste un toxico.


Mes frères en humanité, allez jusqu’au bout de votre démarche et embrassez l’athéisme et le scepticisme ! Pensez Philosophie, Arts, Sciences et galipettes décompléxées sous la couette (entre adultes consentants hein, pas de blague) ! Il y a une vraie spiritualité en dehors de Dieu, des sectes et des églises.
Cela ne vous empêchera pas d’être effrayé par le silence éternel des espaces infinis, mais cela vous permettra d’être un peu moins aliénés.


Ça m’a épuisé cette affaire, je repars pour un cycle de note sur les morceaux de musique, quand même moins fatigant.


le petit point cancel culture
La Commission des oeuvres autorisées ne peut évidemment pas valider le pavé fumeux ci-dessus. Il faut dire qu'en matière de terrain miné, on est bien là. Moins 100 points islamophobie rien qu’avec l’argument principal du film.

openupandbleed
7
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le 10 nov. 2020

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openupandbleed

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