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L'exercice de la prequel est finalement assez compliqué, car il s'agit tout de même d'un successeur au film original, qui se doit donc d'aller plus loin par certains aspects comme une suite le ferait, tout en se déroulant avant. Celle de La Malédiction s'en sort assez bien, pour prendre un exemple récent, mais celle de L'Exorciste créait un vrai paradoxe en confrontant le père Merrin à une menace bien plus impressionnante que ce qu'il a affronté dans le film original, où il semble pourtant bien démuni...


Le souci dans le cas de L'Appartement 7A, est que le spectateur connait déjà tous les mystères, la vraie nature des Castevet, leur objectif, etc. Or le film de Polanski, qui n'était pas vraiment un film d'horreur d'ailleurs, jouait avant tout sur l’ambiguïté. Jusqu'à la fin, on ignore si Rosemary est paranoïaque ou si elle a des raisons de s'inquiéter. Mais cette fois on sait, et le film, tout en multipliant les références à l'original, adopte carrément un genre différent. L'onirisme incroyablement subtil du film de Polanski - peut-être les scènes de rêve les plus réalistes jamais filmées au cinéma - laisse sa place à des hallucinations typique de l'horreur psychologique, à grands renforts de jumpscare, même s'il faut avouer que certaines visions démoniaques sont très réussies, ce qui est loin d'être évident de nos jours (mais la réalisatrice avait déjà montré son savoir-faire avec Relic). Le film est donc aussi plus franchement horrifique, avec même des scènes de tension quand la voisine essaie d'assassiner l'héroïne avec une paire de ciseaux, et on assiste à de vraies manifestations de magie noire (la rivale blessée spontanément, l'avorteuse projetée au mur) quand les satanistes de l'original n'ont peut-être pas plus de pouvoirs que ceux qui existent dans la réalité. Rien ne prouve que le bébé est démoniaque, puisque ce ne sont pas ses yeux que l'on voit, mais un insert de ceux de son "père".


L'ironie est que le film évoque parfois davantage le remake de Suspiriaqu'une prequel de Rosemary's Baby, avec ses séquences de chorégraphies très graphiques et surtout le sort réservé à la rivale de l'héroïne, en évidemment plus soft et réaliste. En un sens, il est judicieux que le film ne soit pas d'un décalque de son modèle, même si cela a (à mon avis) plus de sens dans le cas d'un remake ou d'une suite pas trop directe, mais ici on a affaire à une prequel se déroulant juste avant les faits du film de 1968 et la différence de style choque davantage, surtout si l'on s'amuse à enchaîner les deux (dans quel ordre, là est la question). Néanmoins, je me demande si le film n'aurait pas été bien plus apprécié sans sa connexion avec un chef d'œuvre, les spectateurs ayant souvent la dent dure avec les suites et les remakes (alors que je suis bien plus ouvert d'esprit, surtout quand le cinéaste est aussi doué voire plus que l'auteur de l'original). Car le film a tout de même des qualités évidentes, ces visions réussies qu'on citait précédemment mais aussi un bon casting, avec une Julia Garner toujours convaincante et surtout une Dianne Wiest au phrasé méconnaissable - clairement l'une des actrices les plus sous-estimées d'Hollywood. Notons aussi que, même si c'est aussi pour s'adapter à notre époque, le film est un peu plus féministe que l'original, puisque l'héroïne n'est cette fois pas en couple. Elle n'a donc aucune raison de vouloir rester enceinte, et la réalisatrice évoque donc davantage l'exhortation à enfanter que subissent toutes les femmes.

Roots-Genoa
6
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il y a 7 jours

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