Avec simplement sept petits films au compteur entre 1967 et 1972 on connaît très peu Emilio Miraglia en France dont la plupart des films sont d'ailleurs inédits chez nous. Si certains films du réalisateurs sortiront en VHS sous des titres fantaisistes comme celui ci rebaptisé Holocauste pour une Vierge c'est surtout à l'éditeur de DVD Artus Films que l'on doit la redécouverte que ce réalisateur oublié avec les ressorties de La Dame Rouge Tua Sept Fois et donc L'Appel de la Chair.
La Notte Che Evelyn Uscì Dalla Tomba qui est l'avant dernier film de Emilio Miraglia nous raconte l'histoire de Lord Alan Cunningham un riche notable à la santé psychiatrique fragile depuis la mort de son épouse Evelyne quelques années auparavant. Pour tromper l'ennui l'homme entraine des prostituées qui ressemblent à sa défunte épouse pour des jeux sadomasochistes et mortels. Lord Alan Cunningham va pourtant retrouver l'équilibre en épousant sur un coup de foudre la belle Gladys, mais Evelyn semble revenir d'outre tombe pour le replonger vers la folie.
Ce qui fait la relative originalité de L'Appel de la Chair est son appartenance à plusieurs genres qui vont de l'épouvante gothique au giallo avec en bonus une bonne dose d'érotisme. Le film de Emilio Miraglia emprunte à l'épouvante son cadre avec un immense château à moitié abandonné dans lequel les esprits semblent habités les murs, le décorum du cimetière avec ses tombes vides et son vieux gardien boiteux, le gardien de chasse aux regards curieux et tout un arsenal qui va des nuits d'intempéries à la séance de spiritisme. Même si le film ne s'appuie pas vraiment sur les archétypes du genre avec un tueur ganté à l'arme blanche , on retrouve dans aussi L'Appel de La Chair quelques éléments propre au Giallo avec ce milieu bourgeois pas toujours reluisant , cet érotisme fétichiste d'autant plus que Lord Alan Cunningham est adepte du fouet et des cuissardes et un aspect thriller autour de l'identité d'un tueur et de ses motivations. Objectivement le fin mot de l'histoire et la résolution de l'enquête ne demanderont pas de gros efforts de déductions et on s'amusera surtout en voyant comment par malice le final du film tourne un peu au grand n'importe quoi en allant de rebondissements en rebondissements. Mais globalement L'Appel de la Chair reste un film plutôt agréable et d'une belle facture technique avec un joli cinémascope, des cadres soignées, une jolie photographie, une mise en scène classique et posée et la très bonne partition de Bruno Nicolai. Il y-a même quelques petites idées un peu folles et amusantes par ci par là comme les servantes et bonnes du château qui se ressemblent toutes au point qu'on a la sensation qu'elles ont étés clonées en tant que domestiques. On pardonnera donc facilement quelques effets un peu trop appuyés comme lorsque une actrice fait quatre fois la toupie sur elle même après avoir pris une gifle, pour ne garder que le plaisir d'un bon petit film ayant l'originalité de son mélange des genres.
Pas tout à fait Giallo, pas vraiment film d'épouvante gothique, érotique car généreux de la fesse L'Appel de la chair est une petite série B pas extraordinaire dans son écriture mais qui conjugue avec bonheur le classicisme de sa mise en scène à la relative originalité de son concept.