Cette nouvelle version souffre inévitablement de la comparaison avec les deux adaptations les plus célèbres du roman de Jack London : celle de 1935 réalisée par William Wellman avec Clark Gable et Loretta Young, et celle de Ken Annakin en 1972 avec Charlton Heston et Michèle Mercier. Là où la première brille par ses acteurs (humains), là où la seconde sort du lot par sa distribution (canine), et là où les deux privilégient les extérieurs naturels aux décors de studio, ce remake leur est clairement inférieur, sans pour autant que tout soit à jeter.
Malgré la présence d'Harrison Ford en haut de l'affiche, L'Appel de la forêt version 2020 n'est pas un film qu'on regardera pour ses acteurs : regard terne, le presque octogénaire se contente de marmonner dans sa barbe de trappeur. C'est toujours mieux qu'Omar Sy, ridicule en facteur des neiges (et cet accent, sérieusement... !), et que Dan Stevens, méchant inutilement caricatural. Le film pèche aussi par l'utilisation systématique des CGI au détriment des prises de vues réelles : décors et animaux sont en images de synthèse, qui même si elles sont plutôt réussies, se voient, et ôtent donc de la magie au film.
Mais ce choix du factice offre au réalisateur Chris Sanders la possibilité d'atteindre plus facilement son but, celui de livrer un divertissement familial standard. Les CGI rendent ainsi possible quelques scènes spectaculaires, comme celles de l'avalanche et de la rivière gelée. Elles permettent surtout de susciter l'émotion à travers le Buck virtuel, dont le comportement pourtant grotesque et complètement anthropomorphisé fait sourire - ou monter la larmichette - plus d'une fois. La romance, imaginée dans les versions 1935 et 1972, est complètement laissée de côté, tout comme la violence et la mort qui ne sont que très peu montrées à l'écran (en particulier celle d'animaux...). Il ne manque vraiment qu'un logo aux grandes oreilles pour que ce film assume pleinement ce qu'il est : un Disney live. Et, finalement, de facture correcte.