Trahison ! Jacques London au pays de Disney...
L'appel de la forêt, c'est le roman de préado qui m'a tiré des larmes quand j'avais 10 ans, m'a mouillé encore les yeux quand je l'ai relu il y a quelques années à ma fille de 8 ans.
J'ai revu avec elle avec plaisir la version de Ken Annakin de 1972 en mouillant encore mes yeux sur le générique de fin.
Je me pourléchais les babines à l'idée d'une version 2020, imaginant des décors fabuleux, une photographie somptueuse, un apport de la 3D permettant des images inédites...
Plouf... dès les premières scènes Buck apparait comme une grosse peluche laborieusement modélisée. Les premières minutes plutôt agaçantes tiennent davantage du mauvais cartoon... passons.
On s'aperçoit assez vite que le début (et même le milieu) du livre n'ont pas beaucoup intéressé le scénariste, et que les moments d'intense tension du livre et du film d'Annakin sont systématiquement rayées du scénario, ou développées au galop.
La fin est d'ailleurs réécrite sur la base du film d'animation japonais des années 80 : "Kôya no yobigoe", mais n'est pas celle du roman.
"""(Ce sont des indiens qui tue Thornton et non un chercheur d'or. D'ailleurs, dans le roman de London, John est avec des compagnons qui sont aussi massacrés.)"""
Le casting étonnant pourrait attiser la curiosité.
Reparlons d'abord de Buck, chien 3D qui essaye maladroitement de séduire le spectateur avec des expressions compliquées, et un design maladroit. Oui, c'est beau la 3D... Quel réalisme... Techniquement c'est sans doute une prouesse, artistiquement, c'est clinquant et maladroit. D'ailleurs, le chien a tendance à changer d'échelle sur certains plans quand il fait des câlins à Harrison Ford. L'animation du corps de l'animal (Buck, pas Thornton/Ford), manque de réalisme avec des mimiques anthropomorphes probablement héritées d'un motion capture sur sa doublure humaine (Terry Notary). Les amis des chiens auront du mal a être émus par cette peluche un peu bizarre.
Harrison Ford quand à lui, campe un John Thornton vieillissant plutôt insipide, coiffé à la mode Chewbacca avec une barbe qui nous prive du sourire oblique qui a fait sa réputation. (D'ailleurs, il ne sourit pas, parce que la vie d'un chercheur d'or dans le Yukon, c'est pas rigolo). On ne le jugera pas non plus sur son texte, aussi mince que celui de son ami Chewbacca justement dans Star Wars. Han Solo est-il venu cachetonner ?
Omar Sy aussi ? Sa prestation en tout cas, dans le milieu du film ne laisse rapidement aucun souvenir : j'ai failli oublier d'en parler.
Les décors tentent parfois d'être grandioses, mais là encore, le recours à la 3D fait perdre toute émotion dans ces paysages. Le feu "numérique" qui éclaire la cheminée de la cabane du chercheur d'or achève l'impression de manger jusqu'au bout du steack vegan mouliné à l'imprimante 3D. (Était-il trop difficile pour le directeur de la photo d'allumer quelques bûches avec un allume-feu, et de régler les flood correctement pour faire une vraie lumière ?)
J'espérais vibrer une nouvelle fois avec cette histoire remarquable et je me suis ennuyé devant ce "dessin animé", aux antipodes de mes souvenirs émus. Charlton Heston, reviens !