Au début, c'était les travailleurs qui étaient remerciés et remplacés par des machines, maintenant, ce sont les animaux acteurs qui sont remplacés par l'imagerie de synthèse... Et le film de Chris Sanders ne fait pas dans la demi-mesure, puisque l'intégralité du casting bestial, en plus de notre héroïque canin, est remplacé par des avatars numériques (si l'on excepte toutefois deux brebis qui ont un temps d'apparition de deux secondes) !
Concrètement voila ce qui s'est passé, à l'origine un vrai chien a servi de modèle (il a dû être scanné, mdr), puis un type a ensuite fait de la motion-capture canine pour donner vie au modèle numérisé, afin de lui donner notamment une palette d'expressions plus variées.
Que voulez-vous, l'animal authentique n'arrive plus à émouvoir suffisamment, ni tenir concentré le gosse hyper-éveillé de 2020, alors il faut le remplacer par un cyber-animal hyper expressif qui devra faire des pitreries et des pirouettes à intervalle régulier. Le réalisme y perd, mais pas les recettes des studios qui croient avoir inventé la symbiose parfaite (de leur point de vue, du moins) entre le film et le film d'animation.
Après les premières scènes qui surprennent un peu, on s'habitue à ce mélange improbable réel / synthèse et franchement l'histoire happe vite son spectateur et on s'ennuie rarement. Malgré les "progrès" cités plus haut, L'Appel de la forêt se la joue héritier des longs-métrages d'animation à l'ancienne, et dans ce sens je trouve qu'il réussi son pari de distraire toute la famille (tout y est, aventures, péripéties, émotions...).
Mais pour en revenir à la CGI, il faut bien reconnaître qu'ici son sur-emploie est abusé. Les décors ne sont également pas épargnés, comme dans cette scène de l'aurore boréale où tout ce que l'on voit est faux ! Certaines photographies / éclairages ne font également pas du tout naturelles...
La distribution humaine n'est pas mal, mais je ne comprend toujours pas comment Omar Sy se retrouve dans des blockbusters américains... Je peux comprendre que les américains aient voulu Marion Cottilard, mais lui...
Le rôle express de Karen Gillan (en chieuse aigrie, j'adore), ne pourra que décevoir ses fans. Ici, elle n'a droit qu'à un temps de présence limitée à l'écran (deux scènes peut-être), avec une caméra qui préfèrera la restreindre au troisième plan de l'image plutôt que de chercher à filmer son beau visage.
Il est loin le temps de Lassie et Beethoven, voire même de Stuart Little... Comment dire, j'ai bien aimé ce film sans l'avoir vraiment aimé. L'histoire est accrocheuse et les héros attachants, certes, mais les procédés choisis pour la réalisation restent néanmoins discutables...