Le premier long-métrage du portugais André Gil Mata s'intitule L'arbre mais il aurait pu aussi bien s'appeler La neige, La rivière ou encore Le vieil homme et l'enfant. Le film refuse les schémas habituels de narration et de dialogues (il n'y en a que dans les 15 dernières minutes) et est réalisé le plus souvent en plans larges, dans la quasi obscurité avec des teintes bleutées et le blanc de la neige. C'est l'hiver et un homme âgé transporte des bonbonnes d'eau vides, s'éloignant de sa maison, marchant puis empruntant une barque. Au loin, on entend le feu de la mitraille. Quelque temps plus tard, la caméra suit un jeune garçon qui erre dans un paysage désolé, dévasté par un conflit. Avons-nous changé de temporalité ? Sommes-nous téléportés de la guerre en ex-Yougoslavie à la deuxième guerre mondiale ? N'est-ce pas le même personnage qui est à l'écran, à des années de distance ? Film presque expérimental, qui ferait passer Bela Tarr pour un joyeux drille, L'arbre met les nerfs du spectateur à rude épreuve, impuissant devant l'opacité du récit et cependant attentif aux sons qui représentent la seule bouée à laquelle se raccrocher. A moins de décrocher totalement après 30 minutes, la curiosité patiente l'emporte dans cette expérience cinématographique singulière. Le dénouement du film livre quelques clés mais laisse cependant à chacun le soin d'interpréter cette œuvre exigeante, austère et d'une poésie funèbre.

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le 1 janv. 2021

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