J'apprécie l'originalité de ce "petit" film canadien lorgnant malgré lui du côté du téléfilm (les moyens dans la mise en scène se rappellent constamment aux yeux), un caper movier original avec Elliott Gould en employé de banque retors et Christopher Plummer en candidat au casse plutôt troublant. Si l'on parvient à oublier les invraisemblances et les "oh ben ça alors", la progression du duel opposant les deux hommes de manière bien singulière est assez agréable à suivre, à partir de cette situation initiale d'où tout découle : Gould n'est quand même pas loin d'avoir des dons psychiques hors du commun (surtout pendant sa pause sandwich, quel fin scrutateur) pour deviner qu'un coup contre sa banque se trame et préparer ainsi son coup à l'avance : voler le voleur, en quelque sorte.
Sauf que le voleur, c'est un Plummer pas très content et pas très coopératif, qui comprend qu'il a été roulé et qui traîne dans la nature, après avoir réussi à échapper (climax d'invraisemblance) à son casse raté déguisé en costume de père Noël. Et il en veut à mort à ce banquier pas très corporate qui est parvenu à subtiliser 50 000 dollars dans l'histoire. "The Silent Partner" est plutôt intéressant dans ce glissement de la culpabilité entre le voleur et le volé, et même si Gould semble un peu trop précautionneux d'un point de vue crédibilité scénaristique, la dimension involontaire de l'entreprise reste tangible, en tous cas beaucoup plus que sa relation sentimentale avec Susannah York et l'adhésion soudaine de cette dernière dans l'ultime séquence.
Une fois la machine lancée, le film se résume grosso modo à un jeu du chat et de la souris, entre un employé qui se révèle bien plus malin que prévu et un voleur qui se révèle bien plus dangereux que prévu. Qui des deux sera le plus malin, voilà ce qui tient en haleine, avec toutefois un éclair de violence qui sort de nulle-part dans le dernier tiers — Plummer le voleur et cambrioleur pas content. Un peu trop de sadisme gratuit, un peu court sur le questionnement de l'amoralité, un peu mou dans la romance. Cette adaptation d'un roman danois avait déjà fait l'objet d'un film 10 ans avant, réalisé par Palle Kjærulff-Schmidt, mais gageons que le film original ne bénéficiait pas d'une composition musicale signée Oscar Peterson.