Coupe, Davis !

L’argent, c’est mieux quand on en a. Et c’est encore mieux quand on le chipe à une vielle peau milliardaire ! Le scénario de ce Scopone scientifico est assez délectable car il va droit au but, entre bouffonnerie et cruauté. Avec un suspens haletant (oui, oui, haletant) il présente l’une des parties de cartes les plus mémorables de l’histoire du cinéma.

Le pitch tient sur la tranche d’un paquet de cartes mais recèle des messages à la portée universelle. Peppino et Antonia sont un couple de pauvre gens qui voient chaque année une vieille américaine bourrée aux as débarquer dans sa magnifique villa italienne pour quelques jours. Cette dernière est une passionnée d’un jeu de cartes nommé Lo Scopone scientifico (jeu tradictionnel italien) et le couple tente de la plumer en combat par équipe depuis déjà 8 ans. Cependant, la vieille garde toujours ses sous et repart dans son avion, les laissant dans leur misère.
Mais cette année, Peppino et Antonia se sont préparés et entraînés pour lui coller une raclée et lui piquer ses millions. Tout le suspens réside ici : vont-ils enfin chiper l’argent de la vieille ?

La réalisation n’est vraiment pas ce que l’on retiendra du film, ni même l’horrible doublage italien de l’incroyable Bette Davis qui joue la vieille salope avec un don inégalé. L’intérêt véritable du film est bien sûr le rapport de chacun des personnages à l’argent. Il est le principal intérêt pour tous les personnages qui n’en ont pas, et la principale force de la seule qui en a à foison. La vieille, elle, ne veut gagner que pour imposer sa supériorité que lui offrent ses millions. A aucun moment elle n’est appréciée, voire même décrite, par un autre biais que celui de l’argent.
Son personnage est en cela ignoble car on sait, dans le fond, qu’elle pourrait très aisément prêter un peu de son pécule à ses pauvres italiens qui vivent dans le bidonville au pied de sa villa. Mais ce ballet annuel de ceux qui viennent tenter leur chance aux cartes pour lui soutirer quelques billets est bien plus tentant que la simple charité. Et d’un autre côté, ce brave couple n’aurait jamais idée de lui demander l’argent. Ils veulent gagner à la loyale et ont même, au départ, une certaine tendresse envers la vieille. Ce sont donc deux fiertés qui se confrontent. Reste à savoir si l’argent l’emporte au final.

D'ailleurs, restez jusqu’au bout, la fin vaut son pesant de lires…