L’idée de départ est assez brillante: représenter la lutte de classe à travers les parties de cartes estivales auxquelles se livrent un couple de pauvre romains et une vieille milliardaire en vacances.
Brillante car le sujet est complexe et qu’il est difficile de ne pas tomber dans la caricature. Ici, pas de grande bataille idéologique ou de révolution violente (à part la timide tentative de cambriolage). Ici la violence est psychologique et régie par une seule chose: l’espoir. C’est également sur ce point que le film est réussi. On ressent l’excitation de la gagne au fil des parties, on souhaite que ce couple touchant arrive à gagner encore une petite partie pour doubler les gains, tout en se disant qu’il est insensé de risquer de tout perdre. C’est là que la critique de Comencini sur l’âme humaine est assez juste. Tout le monde est sur un pied d’égalité. Tout le monde en veut toujours plus et ne peut se contenter de ce qu’il a. Sauf que la vieille milliardaire peut se permettre de doubler ses pertes à l’infini (et donc de gagner au final), contrairement aux pauvres qui se sentent investis d’une mission. Pour enfin obtenir un futur radieux, mais aussi pour venger tous les déshérités de leur bidonville qui comptent sur eux pour piller la vieille. Sauf que dans la vie c’est les riches qui gagnent et qui confortent leur puissance avec cynisme, tout en laissant une infime dose d’espoir aux pauvres pour que ceux-ci ne se révoltent pas trop. Ainsi, même après avoir tout perdu, le couple préfère hypothéquer sa maison dans le seul but de pouvoir rembourser leur dette auprès de la milliardaire et ainsi conserver l’espoir de pouvoir à nouveau tenter leur chance l’année suivante. On est un peu dans le cas des pauvres, joueurs de Loto, qui perdent leurs maigres économies dans le seul but de rêver un peu. Parce que c’est la seule solution miracle pour sortir de la merde. Et en attendant, les protagonistes se résolvent à profiter de leurs proches pour supporter la misère. Le seul apport de bonheur gratuit.