Back to my future
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Il est fort intéressant de replonger dans un film plus de 15 ans après l'avoir découvert, les connaissances accumulées, le regard ayant évolué, certaines choses semblent moins anodines, et d'autres, au contraire. reculent au second plan.
12 Monkeys, adaptation de La Jetée (1962) - que j'ai envie de voir, désormais - nous dépeint un futur qui, en 2035, a vu 5 milliard de personnes mourir à cause d'un virus. Les quelques humains survivants vivent désormais sous terre et envoient régulièrement des condamnés "volontaires" dans le passé afin d'essayer de retracer l'origine du virus qui eut raison de l'Homme (qu'il est étrange et résonnant d'écrire ces lignes en 2021...).
Sans pour autant avoir vu la totalité de la filmographie de Terry Gilliam, le rapprochement artistique avec Brazil est indéniable. Je reste subjugué par la volonté et du réalisateur d'un des films les plus dingues de la SF de nous faire perdre pied dans des réalités bancales. Nous présentant d'abord un futur froid et rouillé proche d'une dictature scientifique, il nous entraîne ensuite dans un "présent" tout aussi dénué de sens et d'équilibre, enchaînant avec brio des scènes toutes plus frappadingues les unes que les autres.
La technique, pourtant simple, est également d'une subtile minutie : caméra presque toujours bancale, bande-son décalée, photographie froide et désaturée, plans qui nous offrent systématiquement d'innommables bordels aux murs décrépis, tout comme Brazil, 12 Monkeys nous accueille à bras ouvert dans un monde en souffrance et contrasté comme Gilliam sait les créer.
Ouvrez bien grand les yeux et les oreilles, car rien que de ce que vous verrez et entendrez n'est dénué de sens. Encore faudrait-il entrer dans la tête de Gilliam pour tout comprendre ! Et j'ai cru lire que lui-même s'y perdait de temps à autres !
Servis par un casting haut-de-gamme, les personnages n'ont aucune profondeur, et c'est bien ça qui fait leur force : ils ne jouissent d'aucun background autre que ce pour quoi ils agissent. Leur mission les caractérise, et l'absence de directives de Gilliam aura permis de nous offrir des émotions vraies et pures, en totale corrélation avec l'ambiance globalement sombre et perdue du film. Bruce Willis est impeccable car il est lâché devant la caméra avec autant de directives qu'un animal sauvage, Madeleine Stowe est bluffante dans sa manière d'interpréter un syndrome de Stockholm, et Brad Pitt n'est pas à dénigrer non plus, son jeu de démence étant du à un travail préparatoire acharné même si (et heureusement, j'ai envie de dire), il a plus joué le rôle de publicité ambulante qu'autre chose (le choix s'étant fait sur lui en raison de ses précédents succès cinématographiques).
En bref, 12 Monkeys, c'est une pépite que tout amateur de SF devrait voir avec régal, et s'amuser à comparer avec d'autres réalisateurs (tel que Jean-Pierre Jeunet pour ne pas le citer) pour sa froide démence et la justesse avec laquelle il nous montre le monde tel que nous nous refusons de le voir : un gigantesque et excessif bordel malade.
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Créée
le 17 janv. 2021
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