Y'a pas à dire, Jugnot, c'est quand même un sacré p'tit mec. Au-delà de sa filmographie comique et populaire, ses satyres sociales m'ont toujours beaucoup plu. Son physique et son oeil lui donnent toute légitimité d'incarner ce français moyen, empreint d'une mélancolie sous-jacente, un peu bourru, grande gueule, parfois couard, mais au grand coeur.
Et c'est précisément ce qu'il incarne dans Une Époque Formidable (quel juste titre). À la suite d'une succession de mensonges pour se voiler la face et ne pas reconnaître que sa situation part à vau-l'eau, Berthier se retrouve à la rue du jour au lendemain. Plus de boulot, plus de femme, plus de gosses... (J'ai plus rien à perdre alors s...).
On suit sa plongée dans cet univers froid et cruel qu'est celui des sans domicile fixe. Rencontrant trois compères de la galère, Toubib, Crayon et Mimosa (servis par des Bohringer, Delgado et Ortega en grande forme), il tente alors bien difficilement de garder la tête froide dans une société où il ne fait pas bon vivre dehors sans le sou.
On est en 1981, et pourtant, à la fin du fillm, on réalise qu'en 2019, ben... Ça a pas franchement évolué, tout ça. Le film montre avec justesse, sensibilité et humour que la "faute à pas de chance" porte vraiment bien son nom, et on ne peut décidément pas en vouloir à la populace fermant les yeux.
" Mettez-lui la sirène ! La sirène ! " - Sacrée non de non, une réplique coup de fouet.
"Chacun sa croix" aurait pu être un bon titre !
Bref, ce film, c'est du beau Jugnot. Sans jamais tomber dans le misérabilisme, avec cette pointe d'humour toujours bien placé même quand c'est pas vraiment fin, l'acteur réalisateur nous embarque dans son périple de galérien avec justesse et intelligence.